LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

La guerre Mélenchon-Le Pen continue au tribunal - Affaire des faux tracts

Des affiches de campagne de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en avril 2012, à Paris.
Des affiches de campagne de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en avril 2012, à Paris. © Charles Platiau / Reuters
Adrien Gaboulaud , Mis à jour le

Plus d'un an après les élections législatives, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s'affrontent toujours autour de la circonscription d'Hénin-Beaumont. En cause: de faux tracts du candidat du Front de gauche, distribués en pleine campagne.

L’affaire avait marqué les élections législatives de 2012. Dans la circonscription d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, l’affrontement entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen avait atteint des sommets d’acrimonie avec la révélation d’un tract distribué notamment les 29 et 30 mai à Montigny-en-Gohelle. Le document, qui portait la mention «Votons Mélenchon» en français et dans un arabe hasardeux, était illustré d’une photographie du candidat, accompagnée d’une citation d’un de ses discours. Problème: jamais le camp Mélenchon n’a fait imprimer un tel tract. Le Front de gauche, qui s’était à l’époque targué d’avoir pris des militants frontistes en train de le distribuer, avait immédiatement engagé des poursuites contre Marine Le Pen. Plus d’un an plus tard, l’affaire n’est toujours pas réglée. 

Publicité

Jeudi, Marine Le Pen est citée à comparaître devant le tribunal correctionnel de Béthune, dans le Pas-de-Calais pour «manoeuvres frauduleuses» et pour avoir publié un montage sans autorisation de l’image et des propos de Jean-Luc Mélenchon. La citation -«Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb»- était bien une phrase du candidat, mais rien ne signalait sur le tract qu'il n'était pas lui-même à l'origine du document. Interrogée par Paris Match, Me Raquel Garrido, avocate du député européen, estime qu’«il y a une limite qui est franchie, qui n’est pas tolérable en République». «Ils auraient pu faire un tract en disant que Jean-Luc Mélenchon est un immigrationniste fou, et signer "Marine Le Pen". Mais ce n’est pas ce qu’ils ont fait. Ce tract a créé une confusion extrême dans la tête des gens», plaide Raquel Garrido. «La seule sanction qui soit à la hauteur, c’est l’inéligibilité», tranche-t-elle. L'inéligibilité est en effet une sanction complémentaire possible aux 15 000 euros d'amende et un an de prison dont est passible Marine Le Pen pour les faits qui lui sont reprochés.

La suite après cette publicité

"Si je n'avais pas fait ça, personne n'aurait su ce que vous pensez", avait lancé Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon

Marine Le Pen, le 31 mai 2012, à Carvin, avec le tract qui lui vaut d'être aujourd'hui poursuivie.
Marine Le Pen, le 31 mai 2012, à Carvin, avec le tract qui lui vaut d'être aujourd'hui poursuivie. Alexandre Marchi / L'Est Républicain / PhotoPQR / MaxPPP

L'avocate assure que Marine Le Pen a commis une erreur en choisissant d'assumer pleinement la diffusion de ce faux tract en pleine période électorale. «C’est elle qui apporte les meilleures preuves à ce procès», avance Raquel Garrido. Marine Le Pen avait en effet publiquement et à plusieurs reprises revendiqué l'initiative. Répliquant à Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de France 3 Nord-Pas-de-Calais , elle avait notamment lancé: «Si j'avais voulu faire ça en secret, je n'aurais pas envoyé 100 militants en plein jour». «Tout le monde connaît maintenant ce que vous pensez grâce à ça. Si je n’avais pas fait ça, personne n’aurait su ce que vous pensez», avait-elle ajouté en brandissant le tract devant les caméras. «Je l'assume totalement. (...) Ça marche très bien, tout le monde ne parle que de ça».

La suite après cette publicité

Me Wallerand de Saint-Just, avocat de Marine Le Pen, ne croit pas que les propos de la candidate constituent une quelconque preuve. «Le dossier de monsieur Mélenchon est vide, ils n’ont aucune preuve de la participation de madame Le Pen à la prétendue infraction», assure-t-il à Paris Match. «Marine Le Pen n’a rien fait, elle: elle ne l’a pas rédigé, elle ne l’a pas suscité, elle ne l’a pas distribué, rien», ajoute l'avocat, qui nous annonce également avoir posé une question prioritaire de constitutionnalité, dont l'examen devrait retarder encore la procédure. Wallerand de Saint-Just précise qu'il va «demander à monsieur Mélenchon des dommages et intérêts pour procédure abusive». Marine Le Pen avait déjà assigné en diffamation Me Garrido pour «l’imputation d’un fait précis contraire à son honneur et à sa considération»... dans le cadre de cette même affaire des faux tracts. Raquel Garrido avait répliqué qu'elle n'avait fait que son métier d'avocate et plusieurs de ses confrères l'avaient soutenue.

Contenus sponsorisés

Publicité