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De Toulouse à Roubaix, les larmes du « socialisme municipal »

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Pierre Cohen, à Toulouse le 30 mars.
Pierre Cohen, à Toulouse le 30 mars. | AFP/PASCAL PAVANI

Ce sont de grosses larmes, lourdes et chaudes, qui, dimanche soir, ont coulé dans les mairies socialistes de France. Des larmes que, comme la maire défaite de Reims, Adeline Hazan – une femme qui pourtant « ne pleure pas facilement » – l'on a séchées à l'écart, mais pas tout le temps.
A Palaiseau (Essonne), Roubaix,
Tourcoing (Nord), Toulouse, et dans tant d'autres salles de conseil municipal en France, des milliers de militants épuisés, de personnels administratifs sonnés et bientôt désoeuvrés, mais aussi d'édiles sidérés ont inauguré leur soirée du 30 mars en sanglotant. Un gros chagrin. Les larmes du « socialisme municipal ».

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Ils forment ce soir le petit peuple de ceux « qui n'ont pas été réélus », comme l'a dit Jean-Marc Ayrault, avant de leur envoyer une « pensée » télévisée.

Lire aussi : Le « discours de vérité » de Jean-Marc Ayrault

« La gauche organique, le corpus historique, soupire l'ancienne ministre de François Hollande Delphine Batho. C'est plus qu'une vague bleue, tout ça est tombé comme un jeu de dominos. Une véritable hécatombe. » « Un sinistre politique majeur », tranche Christian Paul, député de la Nièvre.

La Nièvre, terre du mitterrandisme. « Nevers a connu un deuxième suicide », lâche un élu du coin : bastion socialiste depuis 43 ans, la ville de l'ancien ministre Pierre Bérégovoy est passée à la droite. Même chose pour la mairie de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), fief de Michel Rocard dont le bureau servit de décor au fameux « appel » de 1980. Dès dimanche soir, les maires de grandes villes ont fait leurs comptes. Plus question non plus de congrès du PS à Toulouse, ou à Grenoble, ou encore à Valence et à Reims, ces villes associées à l'histoire du PS. Même à La Rochelle, l'écrin traditionnel des universités d'été, c'est… le dissident socialiste qui a gagné la mairie !

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    Toulouse, Angers, Reims, Limoges, Quimper, Caen, Saint-Etienne, Roubaix, Tourcoing... Les socialistes ont perdu 155 villes de plus de 9.000 habitants dimanche soir aux élections municipales. Un grand nombre de ces communes étaient pourtant des fiefs historiquement ancrés à gauche.

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Chaque défaite semble s'acharner à faire symbole. Le battu Michel Delebarre n'était pas seulement le maire socialiste de Dunkerque depuis 25 ans, il était le nouveau… président de l'agence nationale pour la rénovation urbaine. Le ministre de la ville, François Lamy, perd « sa » ville de Palaiseau. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a vu sa liste éliminée dès le premier tour à Saint-Ouen, excluant le PS du conseil municipal.

Lire aussi : Plusieurs villes de la banlieue parisienne basculent à droite

Le député Mathieu Hanotin et le secrétaire national du PS Razzy Hammadi, deux poulains du président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, ont été éliminés sans détours à Saint-Denis et Montreuil. Sans oublier cette faute politique à Marseille, qui invalide toute la stratégie socialiste de « front républicain » : en se maintenant dans le septième secteur, il en a fait la plus grosse prise du FN.

Lire aussi : Marseille : majorité absolue pour Jean-Claude Gaudin (UMP)

« Quelle dérouillée sur le plan national, c'est dur », compatit Jean-Louis Missika, codirecteur de campagne d'Anne Hidalgo depuis le QG de la nouvelle maire de Paris. Par pudeur, ceux qui ont gagné leur ville font la fête discrètement. Le parterre de l'hôtel de ville paraît bien vide autour de l'orchestre de flamenco, quand on pense à la liesse et la foule rassemblée en 2001.

« Ici ça rit, ça pleure de joie ! » : le député de Seine-et-Marne Olivier Faure a vite supprimé de son compte Twitter le message envoyé dès 20 heures depuis Sénart, restée à gauche. Et le tweet de M. Faure a échoué sur le site de Oops, réceptacle de messages de « personnalités de gauche qui ont tendance à parler trop vite ». Bref, le 30 mars restera, de sinistre mémoire, « un jour de tristesse pour tous les socialistes », a lâché François Rebsamen, réélu maire de Dijon mais solidaire de ses compagnons.

« A tous mes militants, à tous mes amis de la gauche de Palaiseau, vous vous êtes bien battus et vous n'êtes pas responsables », tweete M. Lamy. « C'est injuste pour beaucoup de maires qui ont fait leur travail et qui se trouvent pénalisés par une grosse vague nationale », ajoute le sénateur du Loiret, Jean-Pierre Sueur. Candidat PS défait à Béziers, Jean-Michel du Plaa juge, presque mauvais perdant, que « sa » défaite « n'est pas un mot tout à fait juste, vu le contexte ». Après les pleurs montent toujours la rancœur et la rage.

« Il faut être lucide, c'est une gifle sans précédent. Il faudra que le gouvernement agisse et en tire très vite les enseignements », lâche Pierre Cohen, qui a perdu la mairie de Toulouse.

Lire aussi : A Toulouse, la droite reprend les clefs du Capitole

« Je ne vais pas accabler le président de la République. Il a déjà assez de soucis ce soir », lâche le chef du PS marseillais Patrick Mennucci, dont la mairie de secteur lui a échappé. Comme la ministre Marie-Arlette Carlotti, qui, du coup, propose de « dissoudre le PS marseillais ».

« Notre pays va mal. Au-delà de la crise économique, la France traverse aussi une crise morale », lâche Martine Aubry depuis Lille, qu'elle conserve, mais en perdant la majorité à la communauté urbaine. « La confiance n'est pas automatique », insiste Christian Paul.

« Je suis solidaire du gouvernement. Jusqu'à mardi », prévient aussi François Lamy. Le député et maire PS de Créteil Laurent Cathala, sans cesse élu depuis 1977, y va aussi de son avertissement : « Les maires socialistes battus étaient élus depuis longtemps et géraient bien leur commune. Il est évident que le gouvernement a une responsabilité très lourde. Il faut changer de gouvernement, y compris de premier ministre. »

Lire aussi : L'ampleur de la débâcle oblige François Hollande à remanier

Il s'agit d'un « avertissement très sévère qu'il faut prendre très au sérieux », lâche très tôt Ségolène Royal sur les plateaux de télévision. « Il faut un changement de rythme, d'abord, de méthode, ensuite, détaille l'ex-candidate PS à l'élection présidentielle. J'espère que cette défaite-là va réveiller les équipes au pouvoir. » Sur son site, Claude Bartolone insiste : « Il faut, dès demain 8 heures, tirer très sérieusement les enseignements de cette défaite électorale. » Mais aussi : « La question n'est pas le casting, mais le scénario. »

A qui la faute ? Au premier ministre ? Au président ? Au gouvernment ou à la « ligne » ? Au casting ou au scénario ? « Il y a eu le grand timonier en Chine, nous on a le grand perdant avec Hollande », dit l'un, élu de Seine-Saint-Denis. Mais un autre du Doubs, au contraire : « Jusqu'à présent, on creusait la tombe avec une pelle : Ayrault a sorti la pelleteuse pour aller plus vite ». Deux anonymes. Pourquoi prendre des risques trop tôt quand tout se joue si vite ?

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