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Unie, alliée ou en ordre dispersé : sous quelle configuration la droite s’est-elle montrée électoralement la plus efficace depuis 1958 ?

L'UMP connaît aujourd'hui une grave crise, mais ce n'est pas la première fois que la droite est obligée de réfléchir à la meilleure manière de se remettre en ordre de bataille en vue des prochaines élections présidentielles. Retour sur les formules qui ont fait son succès depuis le début de la cinquième république.

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En 2007 Nicolas Sarkozy l’emporte avec 53,06% des voix, après avoir également marqué une nette avance au 1er tour (31,18% contre 25,87% pour Ségolène Royal). Faut-il en déduire que l’UMP de 2007, soutenue par le Parti radical, était la meilleure machine à gagner que la droite n’avait pas eue depuis longtemps ? Quel était le secret de cette mise en ordre de bataille ?

2007 avait son contexte : à droite, sous l’impulsion de Jacques Chirac et Jérôme Monod s’était constituée l’UMP, rassemblement du RPR, de Démocratie Libérale (ex-Parti Républicain) et d’un certain nombre de centristes qui avaient quitté François Bayrou. 12 ans de présidence Chirac, la logique du quinquennat, la prise de l’UMP par Nicolas Sarkozy en 2004 (qui à l’époque comptait en son sein le parti Radical), autant d’éléments que le candidat victorieux a su mettre avec succès  au service de son ambition.

Le résultat eut-il été différent si l’UMP n’avait existé, mais qu’avaient subsisté deux grandes formations à droite ? je ne le pense pas. Le score de François Bayrou au dessus de 18% illustrait déjà la relativité du "rassemblement de la droite et du centre" que voulait être l’UMP.

En 2012 on constate un éclatement des formations politiques soutenant Nicolas Sarkozy : UMP, le Nouveau Centre, le Parti chrétien-démocrate, le Parti radical, La Gauche moderne, Les Progressistes, Le Chêne, Convention démocrate et Chasse, pêche nature et traditions.  L’échec de Nicolas Sarkozy peut-il s’expliquer au moins en partie par le fait que la droite française s’accoutume mal de la pluralité ?

La création même de l’UMP en 2002 reposait sur l’impulsion donnée par le président de la République d’alors ; tenter de rassembler autant de sensibilités distinctes, sans les faire vivre en interne ne se pouvait que sous l’aile d’un Président en exercice. Le concept de parti unique ne repose que sur l’ambition de conquête du pouvoir, pas sur la cohérence de sa pensée et de son discours. Les différences de fond qui distinguaient le RPR et l’UDF, sur l’Europe, la décentralisation ou même sur l’exercice du pouvoir n’ont pas disparu même si les structures partisanes ont changé. Il n’y a pas une seule droite, il y a un centre droit puis il y a une extrême droite, autant de réalités niées trop longtemps et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une clarification des acteurs concernés ; le pluralisme n’empêche pas les alliances gagnantes de second tour comme l’ont illustré toutes les élections évoquées précédemment ; la marche forcée, si…

Aujourd’hui, les reports de voix sont-ils toujours les mêmes ? Les alliances avec le Centre, notamment, relèvent-elles toujours de la même logique ? Les électeurs UDI et Modem sont-ils comparables aux anciens électeurs UDF, et font-ils tous partie de ce que l’on peut appeler "la droite" ?

L’UDF en tant que parti est morte, mais existe toujours dans l’électorat une sensibilité de modérés, proches de la sensibilité libérale sociale européenne. Or aujourd’hui s’opposent les centristes entre eux, et les "droitiers" entre eux, les vrais comme les faux centristes de l’UDI, les vrais droitiers comme les modérés au sein de l’UMP. Difficile dans ce contexte d’analyser un hypothétique scenario de report de voix. Deux logiques s’affrontent, celle qui pense que la structure partisane doit obéir à la nécessité électorale, et celle qui pense que la pensée politique doit dicter l’organisation partisane, il faut sans doute un peu des deux, mais dans un dosage qui semble aujourd’hui hors de portée de l’opposition. Nous sommes à un tournant politique, tant le système tourne dans le vide et la défiance des électeurs, les logiques anciennes volent en éclat, dans la majorité comme dans l’opposition, il est sans doute illusoire de penser qu’il suffirait d’additionner les voix d’hier pour faire les majorités de demain.

Propos recueillis par Gilles Boutin

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  • Par myc11 - 10/07/2014 - 04:41 - Signaler un abus Très bon article ,

    Permet de comprendre avec une certaine distanciation les problèmes politiques dans les contextes sociologiques actuels.

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Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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