Facebook et Apple s’engagent à financer la congélation d’ovocytes afin de permettre aux femmes de repousser leur maternité et de poursuivre leur progression professionnelle. Une fausse bonne idée qui ne règle pas les problèmes de fond, pointent les associations féministes.
Ne plus être contrainte par sa grossesse grâce à la science. Voilà la promesse des deux géants du web Facebook et Apple, qui souhaitent attirer davantage de femmes afin de rééquilibrer leurs effectifs -composés de deux fois plus d’hommes que de femmes. Les entreprises vont faciliter la congélation d’ovules pour leurs salariées, en leur finançant ce traitement onéreux. Une façon de repousser la maternité et de ne plus interrompre sa progression professionnelle, vantent les initiateurs de la mesure. Mais une « fausse solution », d’après les associations féministes françaises.
Pour Claire Serre-Combe, d’Osez le féminisme , « cela peut être une bonne idée, si et seulement si c’est le choix de la salariée ». Mais « c’est toujours le même problème lorsqu’on vous offre le choix » en entreprise, précise-t-elle, « il y a un risque d’effets pervers ». « Qu’est-ce qui va se passer pour les femmes qui vont refuser de rentrer dans ce programme? », questionne la porte-parole. Selon elle, la mesure ne résout pas un problème de fond: « L’employeur voit la maternité comme une maladie », alors qu’il faudrait davantage « remettre en question le marché du travail » et permettre aux femmes de «ne pas avoir à choisir entre travail et maternité ». Pour cela, d’autres mesures existent comme « créer des crèches au sein des entreprises » ou réorganiser le temps de travail pour l’ensemble des salariés.
« On a l’impression qu’au départ, ça part d’un bon sentiment », renchérit Monique Dental, présidente du Réseau féministe « Ruptures » .Mais la responsable ne croit pas non plus à la bonne volonté de Facebook et Apple. En réalité, « l’intérêt des entreprises se cache derrière cette mesure », soupçonne-t-elle: les femmes « coûtent moins cher» en salaire, et il est par ailleurs « plus onéreux pour les entreprises d’instaurer des structures pour faire garder ses enfants, par exemple ».