"On accueille maintenant notre candidate créditée de 20 à 24 % des voix ! ", annonce l'un des organisateurs pour chauffer la salle. Les militants sont encore à table pour ce "banquet des mille" organisé à l'Equinoxe dans le sud parisien. Les lumières s'éteignent, on discerne les badges clignotants bleu et rouge " j'aime Marine".
La candidate, fragilisée par son escapade américaine et ouvertement en quête des 500 parrainages, dévoilait samedi 19 novembre son projet présidentiel. Le logo du Front national est absent, Jean-Marie Le Pen également.
"Marine présidente au premier tour !", lance un militant. Marine Le Pen monte sur l'estrade, ouvre les bras et entame par une citation de Clemenceau.
Dans la première partie de ce discours retransmis en direct qui durera plus d'une heure, la candidate frontiste déplore "le monde virtuel" dans lequel la France serait entrée, fustigeant les écrits de l'économiste Jacques Attali, immédiatement hué par la salle.
"Mettre fin à ce pillage généralisé"
Marine Le Pen fait la promesse de "rendre au peuple de France, sa fierté". C'est d'ailleurs le slogan de campagne projeté sur les murs "la voix du peuple, l'esprit de la France".
Elle dénonce pêle-mêle, "l'ordre marchand", Bruxelles "la structure technocrate" à laquelle la France a "abandonné sa souveraineté", mais aussi, dans le même registre populiste, le "pacte de corruption" dans l'affaire du Carlton. "Cette hyper classe use de toutes les ficelles pour prendre au petit peuple".
La présidente du FN s'est donnée comme première mission de "mettre fin à ce pillage généralisé, avec la plus grande fermeté tant à l'égard des pilleurs du bas que des pilleurs du haut".
Si elle est élue, Marine Le Pen créera "un ministère des souverainetés" et lancera une "grande réforme institutionnelle" comprenant un retour au septennat non renouvelable et l'instauration de la proportionnelle dans tous les scrutins.
"Priorité aux Français"
Sur le plan économique, la candidate fustige une nouvelle fois "le dogme suprême" de l'euro et promet un "Etat fort" et des "protection intelligente aux frontières". "La concurrence libre et non faussée n'est pas un projet de société et ne le sera jamais", martèle-t-elle. Il faudra attendre janvier pour connaitre le plan de désendettement de la France du Front national, un plan de "vigueur et non de rigueur", précise-t-elle.
En matière d'immigration, elle s'engage à "stopper les pompes aspirantes" pour "mettre fin aux flux migratoires". "Priorité aux français". La préférence nationale, le credo du parti frontiste est sans grande surprise très applaudi par la salle, un peu molle jusqu'alors.
Très critiquée sur son manque de stature internationale, Marine Le Pen a plaidé pour une "Europe des nations" en partenariat renforcé avec la Russie et dans laquelle elle ne veut pas voir entrer la Turquie. La France doit, selon elle, retrouvée son rôle de médiation dans l'ensemble des conflits.
Ce long discours un peu éclaté se termine par la promesse d'une "révolution bleu marine, blanc, rouge". Des propositions plus populistes que révolutionnaires et, surtout, sans aucun chiffrage.
Estelle Gross - Le Nouvel Observateur