Ils sont toujours vos enfants
Message
pastoral des évêques des États-Unis aux parents d'enfants
homosexuels
Le Comité « Mariage et Famille » de la Conférence
épiscopale des États-Unis (NCCB) a publié, le 1er
octobre, un message pastoral adressé aux parents d'enfants homosexuels
ainsi que des suggestions pour les agents pastoraux :
Préambule
L'objectif
de ce message pastoral est de s'adresser aux parents qui découvrent
l'homosexualité de leur enfant, adolescent ou adulte, et qui doivent
affronter cette situation. Ce message préconise aux familles, placées
devant l'incertitude de l'avenir, de puiser dans les réserves de
la foi, de l'espérance et de la charité. Il veut leur fait
découvrir que l'Église apporte des ressources inépuisables
pour les affermir et les soutenir dans leur vie de famille en un tel moment
à l'avenir.
Ce message s'inspire du Catéchisme de l'Église catholique,
de l'enseignement du Pape Jean-Paul II, des déclarations de la
Congrégation pour la Doctrine de la foi et celles de notre Conférence
épiscopale. Il ne s'agit pas d'un traité sur l'homosexualité.
Il ne s'agit pas d'une systématisation de l'enseignement moral
de l'Église. Il ne s'agit pas non plus d'une nouvelle avancée
du point de vue théologique. Forts de l'enseignement de l'Église
autant que de notre propre expérience pastorale, nous voulons plutôt
exprimer une parole de foi, d'espérance et de charité aux
parents qui ont besoin de la présence aimante de l'Église
à un moment peut-être des plus déterminants de leur
vie.
Nous voulons également aider les prêtres et les agents pastoraux,
car c'est souvent à eux que se confient en premier les parents
et les enfants en proie à ces problèmes angoissants.
Ces dernières années, nous avons voulu rejoindre les familles
qui vivent des situations difficiles. À cette fin, nous avons pris
l'imitative de faire de courtes déclarations comme celle-ci, adressées
à des personnes qui pensent ne plus faire partie du cercle de ceux
auxquels l'Église porte son attention. « Ils sont toujours
nos enfants » s'inscrit dans la tradition de ces déclarations
pastorales.
Ce message n'a pas l'intention d'être un plaidoyer et il ne veut
servir aucune cause actuelle. On ne doit pas l'interpréter comme
une approbation d'un soi-disant « mode de vie homosexuel ».
« Ils sont toujours nos enfants » est une main tendue des
évêques du Comité « Mariage et Famille »
aux parents et aux autres membres de la famille, pour qu'ils aient un
regard nouveau sur la grâce de la vie familiale et sur la miséricorde
inépuisable du Christ notre Seigneur.
«Un engagement pastoral faisant plus encore appel à la générosité,
à l'intelligence et à la prudence, selon l'exemple du Bon
Pasteur, est nécessaire à l'égard des familles qui,
souvent indépendamment de leur propre volonté ou sous le
coup d'autres exigences de nature diverse, se trouvent devoir affronter
des situations objectivement difficiles» (Jean-Paul II, Familiaris
consortio, 77).
Un
moment critique, un temps de grâce
Vous
qui lisez ce message, vous vivez peut-être dans le trouble. Il se
peut que vous et votre famille affrontiez une de ces situations difficiles
dont parle notre Saint-Père :
- Vous pensez que votre enfant, dans son adolescence, a une attirance
pour une personne du même sexe et/ou vous observez des attitudes
et des comportements qui vous semblent déroutants, dérangeants
et qui suscitent votre désaccord.
- Votre fils ou votre fille vous a fait part de son orientation homosexuelle.
- Vous vivez une tension entre l'amour que vous portez à
votre enfant en tant que créature précieuse devant Dieu
et le fait de ne vouloir cautionner aucun comportement dont vous savez
qu'il contredit l'enseignement de l'Église.
Dans cette période difficile, vous ne devez pas rester seul, sans
bénéficier d'une aide humaine ni de la grâce divine.
L'Église peut être un moyen à la fois pour venir en
aide et pour guérir. C'est la raison pour laquelle, nous les évêques,
nous vous écrivons comme pasteurs et enseignants.
Dans ce message pastoral, nous faisons appel à la fois au don de
la foi, à la solide tradition de l'Eglise et à son expérience
pastorale pour apporter un soutien dans la charité et donner des
orientations et des recommandations fiables dans le ministère,
adaptées à vos besoins et à ceux de votre enfant.
Notre message porte sur l'acceptation de vous-même, sur votre foi
et sur vos valeurs, sur vos questions et sur tous vos combats actuels
; il porte sur la reconnaissance et sur l'amour de votre enfant comme
don de Dieu, et sur la reconnaissance de la vérité tout
entière de la Révélation de Dieu concernant la dignité
de l'homme et la signification de la sexualité humaine. Dans la
conception de la morale catholique, il n'y a aucune contradiction entre
ces niveaux de reconnaissance, car la vérité et l'amour
ne s'opposent pas. Ils sont inséparablement unis et enracinés
dans une personne, Jésus-Christ, qui révèle que Dieu
est l'ultime vérité et l'amour salvifique.
Nous adressons également notre message plus largement à
la communauté ecclésiale et en particulier aux prêtres
et aux autres agents pastoraux, en leur demandant de traduire nos paroles
par des attitudes et des actes qui empruntent la voie de l'amour enseignée
par le Christ. C'est par l'intermédiaire d'une communauté
de croyants que Jésus donne l'espérance, le secours et la
guérison afin que votre famille tout entière puisse continuer
de croître dans l'intimité de la communauté de vie
et d'amour à laquelle Dieu nous destine.
S'accepter
soi-même
Dans
la mesure où certains d'entre vous se sentent envahis par un flot
de sentiments, nous nous arrêterons d'abord sur ce que l'on peut
ressentir. Bien que le don de la sexualité humaine puisse être
parfois un grand mystère, l'enseignement de l'Église sur
l'homosexualité est clair. Cependant, dans la mesure où
le contenu de cet enseignement a pris une dimension très personnelle
avec votre fils ou votre fille, il se peut que vous soyez déroutés
et déchirés.
Vous vivez probablement différents sentiments, à
divers degrés d'intensité tels que :
le soulagement
Vous avez peut-être ressenti depuis un moment que votre fils ou
votre fille était, d'une certaine manière, différent.
Il ou elle vous a confié maintenant une chose très importante.
Il est possible que leurs frères ou sœurs l'aient appris avant
vous et n'aient guère été disposés à
vous en faire part. Quoi qu'il en soit, un poids est enlevé. Acceptez
le fait que votre enfant l'ait dit non pas pour vous blesser ou pour créer
une distance, mais par amour et dans la confiance, désireux d'être
honnête et de communiquer dans une plus grande intimité et
proximité.
la colère
Il est possible que vous vous sentiez déçu ou manipulé
par votre fils ou votre fille. Vous pouvez être en colère
contre votre époux ou votre épouse, lui reprochant d'«
avoir fait cet enfant comme cela », surtout s'il y avait des difficultés
relationnelles entre parents et enfant. Il est possible que vous soyez
en colère contre vous-même du fait de ne pas avoir découvert
les signes de l'homosexualité. Vous pouvez vous sentir déçus
et en colère si des membres de la famille ou parfois même
vos enfants rejettent l'homosexualité de leur frère ou soeur.
De même, il est possible que vous ressentiez de la colère
si des membres de la famille ou des amis acceptent ouvertement l'homosexualité,
voire l'encouragent. Vous pouvez aussi – et ce n'est pas à
exclure – être en colère contre Dieu pour tout ce qui
arrive.
le deuil Vous avez peut-être
l'impression que votre enfant n'est pas exactement la personne que vous
pensiez connaître. Vous prévoyez que votre fils ou votre
fille ne vous donnera jamais de petits-enfants. Cette attente déçue
peut vous attrister, tout comme le fait que les homosexuels rencontrent
souvent de la discrimination et une franche hostilité.
la peur Vous craignez peut-être
pour la sécurité physique et le bien-être général
de votre enfant face aux attaques que subissent les homosexuels. Il est
possible que vous craigniez le fait que, dans vos relations, certains
puissent exclure votre enfant ou votre famille et les traitent avec mépris.
Le risque que votre enfant contracte le sida ou une autre maladie sexuellement
transmissible est sérieux, voire omniprésent. Si votre enfant
se sent perdu, il est possible que vous ayez à faire face à
une tentative de suicide.
la culpabilité, la honte et la solitude
Dans de telles circonstances, les parents peuvent se torturer l'esprit
avec ces paroles : « Si seulement nous avions... ou n'avions pas...
». Les regrets et les déceptions surgissent comme les fantômes
du passé. Le sens de la culpabilité peut vous entraîner
dans un univers de honte qui, en conséquence, vous isole de votre
enfant, de votre famille et des autres soutiens.
une surprotection parentale et de la fierté
Les homosexuels sont souvent l'objet, dans la société, de
discrimination et d'actes de violence. En tant que parents, vous voulez
naturellement mettre votre enfant à l'abri, quel que soit son âge.
Il vous arrive d'insister : «Tu es toujours mon enfant; rien ne
pourra jamais changer cela. Tu restes aussi un enfant de Dieu, envoyé
et appelé à entrer dans le dessein de Dieu. »
Il
y a deux choses importantes qu'il faut garder à l'esprit
quand vous essayez de discerner ce que vous ressentez. D'abord, l'écoute.
Ce que vous ressentez peut vous inviter à découvrir d'avantage
la volonté de Dieu sur vous. Ensuite, comme certains sentiments
peuvent être confus ou contradictoires, il n'est pas nécessaire
d'agir sur chacun d'eux. Le fait de les accepter peut être suffisant,
mais il faut sûrement aussi en parler. Ne vous attendez pas à
ce que toutes les tensions disparaissent. La vie chrétienne est
un pèlerinage marqué par la persévérance et
la prière. C'est un chemin qui nous conduit de l'endroit où
nous sommes à celui dont nous savons que Dieu nous appelle.
Accepter
votre enfant
Comment
pouvez-vous exprimer au mieux l'amour – lui-même reflet de
l'amour inconditionnel de Dieu – pour votre enfant ? Il y a au moins
deux choses indispensables :
D'abord, ne rompez pas les liens ; ne rejetez pas votre enfant. Un trop
grand nombre de jeunes homosexuels finissent dans la rue parce qu'ils
sont rejetés par leur famille. Pour cette raison et à cause
d'autres pressions extérieures, les jeunes courent davantage le
risque d'avoir des comportements autodestructeurs tels que l'usage de
la drogue et le suicide.
Votre enfant a plus que jamais besoin de vous et de votre famille. Il
s'agit toujours de la même personne. Cet enfant, qui a toujours
été un don de Dieu pour vous, peut vous apporter quelque
chose d'un autre ordre : le fait que votre famille devienne plus honnête,
plus respectueuse et plus tolérante. Oui, votre amour est mis à
l'épreuve par cette réalité, mais il peut aussi grandir
et s'affermir par l'amour que vous donnez en retour.
La seconde manière de communiquer l'amour est de rechercher pour
votre enfant et pour vous-mêmes une aide appropriée. Si votre
fils ou votre fille est adolescent, il est possible qu'il ou elle ait
des expériences homosexuelles qui entrent dans un processus de
mise en place de l'identité sexuelle. Des actes isolés ne
rendent pas homosexuel. L'adolescence s'accompagne souvent d'une anxiété
et d'une confusion quant à l'identité sexuelle. Parfois,
la meilleure manière d'agir est d'attendre pour voir, tout en essayant
de garder une relation de confiance et d'apporter un soutien, une information
et un encouragement.
Souvent, il est souhaitable, voire nécessaire, que votre enfant
bénéficie d'une aide spécialisée, avec un
conseiller ou un directeur spirituel. Il est important, bien sûr,
qu'il accepte volontairement cet accompagnement. Cherchez un spécialiste
qui partage les valeurs religieuses et qui comprenne la complexité
de la sexualité. Il faut qu'il sache aider les personnes à
discerner le sens de leurs comportements sexuels précoces, de leurs
attirances et de leur fantasmes sexuels, pour clarifier davantage ce qui
constitue l'identité de la personne. Cependant, il est essentiel
qu'au cours de cette démarche, vous envisagiez la possibilité
que votre fils ou votre fille s'efforce de comprendre et d'accepter une
orientation homosexuelle profonde.
Le sens et les implications de l'expression orientation sexuelle ne sont
pas acceptés par tous. L'enseignement de l'Église fait une
distinction entre la «tendance» homosexuelle qui est «transitoire»
et «des homosexuels qui sont définitivement tels par une
sorte d'instinct inné» (Congrégation pour la Doctrine
de la foi, Déclaration sur certaines questions d'éthique
sexuelle, 8 [DC 1976, n. 1691, p. 111. NDLR]).
Par conséquent, compte tenu de cette distinction, il semble qu'on
puisse comprendre l'orientation sexuelle (hétérosexuelle
ou homosexuelle) comme une dimension fondamentale de la personnalité
et reconnaître sa relative stabilité dans la personne. Une
orientation homosexuelle produit une attraction émotive et sexuelle
plus forte à l'égard d'individus du même sexe plutôt
que de ceux du sexe opposé. Cela n'exclut pas totalement l'intérêt
pour les membres du sexe opposé, ni l'attention et l'attraction
à leur encontre. Le fait d'avoir une orientation homosexuelle ne
signifie pas nécessairement que la personne veuille exercer une
activité homosexuelle.
Il semble que l'orientation homosexuelle ne soit pas liée à
une seule cause. Les spécialistes reconnaissent généralement
qu'il existe des facteurs multiples – génétique, hormonal,
psychologique – qui peuvent la provoquer. De manière générale,
l'orientation homosexuelle est expérimentée comme une donnée
de l'existence et non pas comme un libre choix. Par conséquent,
une orientation homosexuelle ne peut pas être considérée
en tant que telle comme un péché, car la morale suppose
une liberté de choix.
Certains homosexuels veulent être reconnus publiquement comme gays
ou lesbiennes. Ces expressions expriment souvent une prise de conscience
de soi dans la société ainsi qu'une reconnaissance. Bien
que vous puissiez considérer ces expressions comme agressives à
cause de leurs connotations politiques et sociales, il faut que vous soyez
sensibles à la manière dont votre fils ou votre fille les
utilise. Le langage ne doit pas être un obstacle pour établir
la confiance et pour communiquer de façon honnête.
Vous pouvez aider la personne homosexuelle de deux manières. D'abord,
encouragez-la à coopérer à la grâce de Dieu
pour vivre une vie chaste. Ensuite, concentrez-vous sur la personne et
non pas sur son orientation homosexuelle. Ceci implique le respect de
la liberté qu'a une personne de choisir ou de refuser une thérapie
en vue de changer son orientation homosexuelle. Compte tenu de l'état
actuel des connaissances en médecine et en psychologie, il n'existe
pas de garantie qu'une telle thérapie réussisse. De ce fait,
il n'y a aucune obligation à l'entreprendre, bien que certains
l'estiment bénéfique.
Quoi qu'il en soit, il est essentiel de rappeler une vérité
de base : Dieu aime tout homme comme une personne unique. L'identité
sexuelle aide à définir l'unicité de la personne
que nous sommes. L'orientation sexuelle est une composante de notre identité
sexuelle. Ainsi, toute notre personnalité englobe bien plus que
notre orientation sexuelle. Les hommes voient les apparences, mais Dieu
lit dans les cœurs (cf. 1 S 16, 7).
Si quelqu'un est homosexuel, Dieu ne l'aime pas moins pour autant. L'amour
de Dieu est toujours donné à ceux qui veulent l'accueillir.
Les paroles de saint Paul apportent une grande espérance: «
Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés,
ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur,
ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour
de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur »
(Rm 8,38).
Reconnaître
le plan de Dieu, et accepter le ministère de l'Eglise
Pour
le croyant chrétien, le fait de s'accepter soi-même et d'accepter
l'homosexualité de son enfant doit se situer dans le contexte plus
large de celui d'accepter la vérité divine révélée
concernant la dignité et la destinée de la personne humaine.
L'Église a la responsabilité de croire et d'enseigner cette
vérité, en la présentant comme une conception éthique
globale et-en appliquant cette conception aux situations particulières
grâce au ministère pastoral. Nous présentons ici les
principaux aspects de cet enseignement moral.
Toute
personne a une dignité intrinsèque parce qu'elle est créée
à l'image de Dieu. C'est un profond respect pour la personne tout
entière qui pousse l'Église à concevoir la sexualité
et à l'enseigner comme un don de Dieu. Pour l'être humain,
le fait d'être créé homme ou femme est une part essentielle
du plan divin, dans la mesure où c'est sa sexualité –
mélange mystérieux d'esprit et de corps –, qui lui
permet de participer à l'amour et à la vie de Dieu. «
Il revient à chacun... d'accepter son identité sexuelle
» (Catéchisme de l'Église catholique, 2333).
La force et la liberté de la sexualité, comme tous les dons
de Dieu, peuvent être orientés vers le bien ou vers le mal.
Toute personne – homosexuelle ou hétérosexuelle –
est appelée à parvenir à la maturité et à
la responsabilité. Avec la grâce de Dieu, chacun est appelé
à pratiquer dans les relations interpersonnelles la vertu de chasteté.
La chasteté signifie l'intégration des pensées, des
sentiments et des actes dans le domaine de la sexualité humaine
de façon à valoriser et respecter sa propre dignité
et celle des autres. C'est « l'énergie spirituelle qui libère
l'amour de l'égoïsme et de l'agressivité » (Conseil
pontifical pour la Famille, Vérité et signification de la
sexualité humaine, 16 [DC 1996, n. 2133, p. 207-2351]).
Le Christ appelle tous ses disciples – qu'ils soient mariés
ou célibataires – à aimer toujours davantage. Ceci
n'inclut pas seulement la fidélité, le pardon, l'espérance,
la persévérance et le sacrifice, mais aussi la chasteté
qui s'exprime dans l'humilité et la maîtrise de soi. Une
vie chaste est possible même si ce n'est pas toujours facile, car
cela implique un effort continu pour se tourner vers Dieu et s'éloigner
du péché, en particulier grâce à la force du
sacrement de la réconciliation et de l'Eucharistie. En effet, Dieu
s'attend à ce que chacun s'efforce de parvenir à la perfection,
mais progressivement, par étapes, dans la croissance morale (cf.
Jean-Paul 11, Lettre aux familles, 34). La grâce de Dieu est offerte
à toute personne désireuse de la recevoir et elle est suffisante
pour rester dans un chemin de conversion.
Vivre et aimer chastement, c'est reconnaître que « seul le
cadre du mariage permet aux relations sexuelles de symboliser pleinement
le double dessein du Créateur : l'alliance d'amour et la capacité
de co-créer une nouvelle vie humaine - (Conférence des évêques
des Etats-Unis, La sexualité humaine : une perspective catholique
Pour l'éducation et pour une formation humaine permanente (1991).
C'est là un enseignement fondamental de l'Église sur la
sexualité, qui s'enracine dans le récit biblique de l'homme
et de la femme créés à l'image de Dieu et faits pour
s'unir (Gn 2-3).
On peut en tirer deux conclusions : premièrement, c'est le dessein
de Dieu que les relations sexuelles aient lieu uniquement dans le cadre
du mariage entre un homme et une femme. Deuxièmement, tout acte
sexuel doit rester ouvert à la création d'une nouvelle vie.
Les relations homosexuelles ne peuvent remplir ces deux conditions. Par
conséquent, l'Église enseigne que l'acte génital
homosexuel est objectivement immoral, tout en faisant l'importante distinction
entre le comportement homosexuel et l'orientation homosexuelle qui n'est
pas immorale en tant que telle.
Il est important aussi de reconnaître que ni l'orientation homosexuelle
ni l'orientation hétérosexuelle n'impliquent de manière
inévitable une activité sexuelle. On ne saurait réduire
la personnalité tout entière à son orientation et
à son comportement sexuels.
Respecter la dignité que Dieu donne à toute personne, c
est reconnaître les droits et les responsabilités de l'homme.
L'enseignement de l'Eglise affirme clairement que les droits fondamentaux
des homosexuels doivent être défendus et que nous devons
tous nous efforcer d'éradiquer toute forme d'injustice, d'oppression
ou de violence à leur encontre (cf. Congrégation pour la
Doctrine de la foi, La pastorale à l'égard des personnes
homosexuelles, 10).
Il ne suffit pas d'éviter simplement une injuste discrimination.
Les personnes homosexuelles « doivent être accueillies avec
compassion et délicatesse » (Catéchisme de l'Église
catholique, 2358). Elles ont besoin, comme tout être humain, de
s'épanouir sur plusieurs plans à la fois.
Ceci comprend l'amitié qui est une forme d'amour essentielle pour
le développement du bien-être humain et une des plus riches
expériences. L'amitié peut se réaliser, et c'est
le cas, hors de toutes relations sexuelles génitales.
La communauté chrétienne doit apporter une compréhension
et une attention pastorales aux frères et soeurs homosexuels. Il
y a plus de 20 ans, nous avons déclaré, comme évêques,
que « les homosexuels... doivent avoir un rôle actif dans
la communauté chrétienne » (Conférence épiscopale
des États-Unis, Vivre en Jésus-Christ: une réflexion
pastorale de la vie morale, p. 19). Qu'est-ce que cela signifie en pratique
? Cela signifie que les personnes homosexuelles ont le droit d'être
accueillies dans la communauté, d'écouter la Parole de Dieu
et de bénéficier d'une attention pastorale. Les personnes
homosexuelles chastes doivent avoir la possibilité de conduire
et de servir la communauté. Cependant, l'Église a le droit
de refuser des fonctions publiques de service et des responsabilités
aux personnes, homosexuelles ou hétérosexuelles, dont le
comportement public enfreint son enseignement.
L'Église reconnaît l'importance et l'urgence d'un ministère
auprès des personnes atteintes par le virus du sida. Bien que le
sida soit une épidémie qui touche non seulement les personnes
homosexuelles mais l'humanité tout entière, il a eu des
effets dévastateurs sur elles et il a affecté de nombreux
parents, familles et amis.
Sans fermer les yeux sur les comportements autodestructeurs ni dénier
la responsabilité personnelle, nous rejetons l'idée que
le sida est une punition de Dieu.
Par conséquent
« Les sidéens ne sont pas des personnes distantes, étrangères,
objets de notre part d'un mélange de pitié et d'aversion.
Il faut qu'ils restent présents à nous, dans notre conscience
personnelle et communautaire, et il faut que nous les entourions d'un
amour inconditionnel... La compassion – l'amour – pour les
personnes atteintes par le virus du sida est la seule véritable
réponse évangélique » (Conférence épiscopale
des États-Unis, Appelés à la compassion et à
la responsabilité: une réponse à la crise du sida
(1990).
Il n'y a rien dans la Bible ou dans l'enseignement catholique qui puisse
être utilisé pour justifier des comportements préjudiciables
ou discriminatoires. Nous rappelons ici ce que nous avions dit dans une
déclaration postérieure :
« Nous appelons tous les chrétiens et tous les citoyens de
bonne volonté à dépasser leurs peurs de l'homosexualité
et à dominer les aversions et les discriminations qui peuvent offenser
les personnes homosexuelles. Nous sommes conscients que le fait d'avoir
une orientation homosexuelle est suffisamment anxiogène, source
de souffrance et de remise en question concernant la reconnaissance de
soi pour que la société n'en rajoute pas » (La sexualité
humaine : une perspective pour l'éducation et la formation humaine
permanente).
Recommandations
pastorales
Afin
de dépasser l'isolement dont vous, ou votre fils et fille, pouvez
faire l'expérience, nous vous donnons ces recommandations, ainsi
qu'aux prêtres et agents pastoraux
Aux
parents
1.
Acceptez-vous et aimez-vous comme parents afin d'accepter et d'aimer votre
fils ou fille. Ne vous reprochez pas l'orientation sexuelle de votre enfant.
2. Faites tout votre possible
pour continuer de manifester l'amour que vous portez à votre enfant.
Cependant, le fait d'accepter son orientation homosexuelle n'inclut pas
obligatoirement celui d'approuver toutes les attitudes ni les choix de
comportement correspondants. En fait, vous devez remettre en cause certains
aspects d'une forme de vie que vous estimez inacceptables.
3. Incitez votre fils ou
votre fille à rester uni à la communauté croyante
catholique. S'il a quitté l'Église, pressez-le de revenir
et de se réconcilier avec la communauté, en particulier
par le sacrement de la réconciliation.
4. Recommandez à
votre fils ou votre fille de prendre un directeur/accompagnateur spirituel
qui les guidera dans la prière et les invitera à une vie
chaste et vertueuse.
5. En vous efforçant
de comprendre, d'accepter cette réalité, et d'obtenir la
paix intérieure, prenez éventuellement un conseiller ou
un directeur spirituel qui vous aide. De même, envisagez de vous
joindre à un groupe de soutien de parents ou de participer à
une retraite destinée aux parents catholiques d'enfants homosexuels.
D'autres personnes ont parcouru le même chemin que vous, mais elles
sont déjà à un stade plus avancé. Elles peuvent
vous apporter les moyens efficaces pour aborder des situations familiales
délicates telles que le fait de parler de votre enfant aux membres
de la familles et aux amis, d'expliquer l'homosexualité aux plus
jeunes, et la manière d'entrer en relation avec les amis de votre
fils ou de votre fille dans un esprit chrétien.
6. Apportez votre amour et vos services aux
autres parents affrontés à l'homosexualité de leur
fils ou de leur fille. Prenez contact avec votre paroisse pour organiser
des groupes de soutien de parents. Le Bureau diocésain de la famille,
les oeuvres sociales catholiques ou un ministère diocésain
propre aux personnes gays et lesbiennes peuvent être en mesure de
vous porter assistance.
7. Si vous trouvez l'occasion d'une formation
et d'un soutien et si vous en tirez bénéfice, n'oubliez
pas que vous ne pourrez changer que vous-mêmes; vous n'êtes
responsables que de vos pensées et de vos actes, non de ceux de
vos enfants adultes.
8. Mettez toute votre foi en Dieu, qui est
plus puissant, plus compatissant que nous et qui pardonne bien plus que
nous ne saurions le faire.
Aux
ministres de l'Église
1.
Soyez disponibles aux parents et aux familles qui sollicitent une aide
pastorale, un accompagnement spirituel et un soutien par la prière.
2. Accueillez les personnes
homosexuelles dans la communauté croyante. Recherchez ceux qui
sont en marge. Évitez les stéréotypes et les condamnations.
Efforcez-vous d'écouter d'abord. Ne croyez pas d'emblée
que toutes les personnes homosexuelles exercent une activité sexuelle.
3. Informez-vous sur l'homosexualité
et sur l'enseignement de l'Église de sorte que votre prédication,
votre enseignement et vos conseils soient pertinents et portent des fruits.
4. Utilisez les termes homosexuel,
gay et lesbienne de manière honnête et appropriée,
en particulier en chaire. De plusieurs manières, vous pouvez subtilement
donner aux gens « la permission » d'aborder les questions
sur l'homosexualité qui les concernent et faites-leur comprendre
également que vous désirez en parler avec eux.
5. Faites-vous une liste
de services, de groupes, de conseillers et d'autres spécialistes
que vous pouvez recommander aux personnes homosexuelles et à leurs
parents et membres de la famille lorsqu'ils vous demandent une aide spécialisée.
Recommandez des services qui respectent l'enseignement de l'Église.
6. Facilitez la mise en place de groupes
de soutien aux parents et aux membres de la famille, et promouvez ceux
qui existent.
7. Informez-vous sur le sida de manière
à être plus compétents et compatissants dans votre
ministère. Introduisez des prières dans la liturgie pour
ceux qui vivent avec le sida, pour les soignants, les défunts,
pour leurs familles, leur compagnon et leurs amis. Il est possible d'organiser
une messe, une célébration d'onction des malades, en lien
avec la journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre)
ou avec une manifestation locale de lutte contre le sida.
Conclusion
Pour
saint Paul, l'amour est le plus grand don de l'Esprit. Saint Jean affirme
que l'amour est le signe le plus manifeste de la présence de Dieu.
Jésus le place au fondement des deux grands commandements qui accomplissent
toute la Loi et les prophètes.
L'amour est aussi l'histoire continue de toute vie familiale. L'amour
peut être partagé, entretenu, rejeté et parfois perdu.
Le défi de toute famille aujourd'hui est de suivre le chemin d'amour
du Christ. Votre famille a maintenant une occasion supplémentaire
de partager l'amour et de l'accepter. De même, nos communautés
ecclésiales sont appelées à un niveau d'amour et
de justice exemplaire. Nos frères et soeurs homosexuels - comme
toute personne - sont appelés à s'engager dans la vole de
l'amour responsable.
À nos frères et soeurs homosexuels, nous voulons dire les
paroles de conclusion suivantes : ce message a été une main
tendue à vos parents et à vos familles pour les inviter
à accepter la grâce de Dieu agissante aujourd'hui dans leur
vie et à faire confiance en l'infaillible miséricorde de
Jésus notre Seigneur. Maintenant, nous vous tendons la main et
nous vous invitons à faire de même. Nous sommes appelés
à devenir un seul corps, un seul esprit dans le Christ. Nous avons
besoin les uns des autres si nous voulons « grandir de toutes manières
vers celui qui est la Tête, le Christ, dont le Corps tout entier
reçoit concorde et cohérence par toutes sortes de jointures
qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie,
opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même,
dans la charité » (Ep 4, 15-16).
Bien que vous vous sentiez parfois découragés, blessés
ou en colère, ne vous éloignez pas de vos familles, ni la
communauté chrétienne, ni tous ceux qui vous aiment. En
vous, l'amour de Dieu se révèle. Vous êtes toujours
nos enfants.
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