Renvoyé… encore. Cette fois, c’est Me Wallerand de Saint-Just, avocat de Marine le Pen qui a posé, mercredi soir, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Du coup, hier après-midi, le tribunal n’avait pas d’autre choix que de renvoyer une nouvelle fois l’affaire pour étudier cette question. « Nous avons choisi une date beaucoup plus rapprochée que celle des renvois ordinaires », commente le président du tribunal correctionnel. Rendez-vous le 10 décembre donc, même lieu, même heure.

« Cette affaire n’a que trop duré », estime Me Raquel Garrido, l’avocate de Jean-Luc Mélenchon. Parce que les délais pourraient encore s’allonger. « Si la QPC est rejetée, on pourra plaider tout de suite en décembre. Sinon, on repart pour février cette fois. » Des dates, qui se rapprochent petit à petit des élections municipales prévues les 23 et 30 mars 2014. Et l’avocate espère que ce procès du « faux tract » ait une valeur d’exemple sur les prochaines campagnes électorales. « Le FN a besoin de comprendre que tout n’est pas permis », poursuit-elle. Rappelons que ce « faux tract » indiquant « il n’y a pas d’avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb » avec une photo de l’auteur de cette phrase extraite d’un de ses discours, Jean-Luc Mélenchon, et le slogan Votons Mélenchon, avaient été distribués par les militants FN lors de la campagne des législatives de 2012. « C’est en période électorale que les représentants du FN se comportent comme des voyous (…). Il y a des règles à respecter dans une campagne. Leurs méthodes frauduleuses, on les connaît, mais c’est la première fois qu’on les attrape et qu’on les juge pour cela », poursuit Me Garrido qui espère que Marine Le Pen écopera d’une peine d’inéligibilité, « car une amende, ils pourront la budgéter, ça n’aura aucune conséquence ».

Certains représentants locaux du Front national étaient au tribunal hier, contrairement à leur présidente et son avocat. Eux, minimisent ce procès. « Y’a rien dans le dossier !

Nous, on n’a jamais nié que l’on a distribué ce tract, on l’a même fait en plein jour, sans nous cacher. On l’assume. C’est un pastiche habituel en campagne électorale. Mais Jean-Luc Mélenchon n’a pas l’habitude d’être candidat », estime Laurent Brice, secrétaire général du FN 62. « Et puis, c’est une juste réponse à la campagne qu’a menée le Front de gauche : délétère, hostile et agressive… », surenchérit le frontiste Christophe Szczurek.

Mais ce procès pourrait-il avoir une incidence sur les prochaines municipales à Hénin-Beaumont ? « Non, estiment les représentants FN. Les Héninois sont passés à autre chose. Il n’y a que M. Mélenchon qui est obsédé par ce tract. Lui a besoin de Marine Le Pen pour exister, mais pas l’inverse. » Pour Raquel Garrido, « je ne sais pas si ça peut jouer à Hénin-Beaumont et ce n’est pas mon problème. Ce qui m’importe c’est comment Marine Le Pen se sent tout permis pour défier la République. Je pense que ce procès concerne tous les citoyens, c’est une grande polémique qui met en branle des principes importants. »

En tout cas, ce tract, ce simple bout de papier, était devenu le symbole d’une campagne rude, menée aux législatives de 2012, et qui avait vu la victoire du socialiste Philippe Kemel, actuel député. Est-ce que l’ambiance de campagne des prochaines municipales sera du même acabit ?