C'est ça la différence entre un colloque sur la fin de vie et un procès criminel : la confrontation nue, saisissante, entre un médecin assis dans le box des accusés et le fils de l'une des patientes qu'il est accusé d'avoir empoisonnée pour hâter sa mort. Et soudain, c'est tout une atmosphère qui change et se fait pesante. Jeudi 12 juin, la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau examinait le premier des sept décès attribués à l'ancien docteur Nicolas Bonnemaison.
Elle s'appelait Françoise Iramuno, elle avait fait une grave chute. Transportée au service des urgences de l'hôpital de Bayonne le 5 avril 2011, l'octogénaire était arrivée dans un coma profond, victime d'une hémorragie cérébrale. Le neurochirurgien qui l'avait examinée avait estimé qu'une intervention était impossible et avait prévenu son fils unique, Pierre, que sa mère était en fin de vie. Un deuxième médecin avait confirmé le diagnostic et Françoise Iramuno avait été hospitalisée provisoirement dans le service du docteur Bonnemaison.
Le 6 avril, lors de la passation des consignes sur le suivi des patients entre l'équipe du matin et celle de l'après-midi, le médecin s'était étonné que la vieille dame soit encore en vie. A l'infirmier qui lui expliquait que son état était stationnaire, Nicolas Bonnemaison avait répondu en plaisantant qu'il était prêt à parier du chocolat que le soir, elle ne serait plus là.
Dans l'après-midi, la jeune aide-soignante – c'était son premier poste, elle sortait de l'école — s'était rendue au chevet de la patiente. "Elle était comateuse, mais ça allait. Elle avait le faciès détendu, elle ne semblait pas douloureuse", raconte-t-elle à la barre. Peu de temps après cette visite, alors qu'elle se trouvait avec une infirmière dans la salle de garde, elles avaient vu le docteur Bonnemaison ouvrir la pharmacie du service. "On a l'entendu casser une ampoule, il est allé dans la chambre de Madame Iramuno puis il est reparti", raconte l'infirmière entendue elle aussi comme témoin.
Quelques minutes plus tard, le scope donne l'alerte d'un dérèglement brutal du rythme cardiaque. Les deux femmes se précipitent dans la chambre et constatent que Françoise Iramuno est en train de mourir. L'infirmière aperçoit alors le docteur Bonnemaison dans le couloir. "Je lui ai dit qu'elle était morte. Et que cette dégradation rapide ne me semblait pas naturelle. Il m'a répondu: 'Elle a dû ressaigner'' et il nous a dit qu'il allait prévenir son fils du décès." D'une voix dure, elle ajoute: "Pour moi, il n'y a eu aucun accompagnement. Le docteur Bonnemaison a pris la décision seul. A aucun moment, il n'a demandé à l'équipe de soins palliatifs d'intervenir. C'est contradictoire avec une prise en charge de fin de vie."
Les deux femmes ont évoqué la situation avec quelques collègues mais elles n'ont pas alerté leur hiérarchie tout de suite. "Pourquoi?" leur demande le président Michel Le Maître. "Parce que je suis infirmière et qu'il est médecin. J'avais juste un soupçon, pas de preuve. La communication avec lui n'était plus possible. On a décidé avec les collègues d'être vigilants."
Le président se tourne vers l'accusé. "Quelles sont les informations qui vous ont déterminé à procéder à une injection d'Hypnovel sur la patiente?". Nicolas Bonnemaison se lance dans un long exposé sur tous les signes cliniques qui permettent d'évaluer l'aggravation de l'état d'un patient en fin de vie.
Le président le coupe. "A quel moment avez-vous effectué ces tests?
- Dans la matinée.
- Tout seul?
- Oui.
- Et pourquoi cette sédation dans l'après-midi?
- Parce qu'il y avait un risque de souffrance psychique.
- Vous dites risque. Vous pratiquez le principe de précaution?"
Le président insiste: "Ce qui m'interpelle, M. Bonnemaison, c'est qu'à 14H45, la patiente semble stable. A 15H aussi. Et vous décidez brusquement d'une sédation. Et tout s'accélère."
Il revient à la jeune aide-soignante. "Quand vous entrez dans la chambre, vous constatez que la patiente est agitée. Que faites-vous ?
- Je lui tiens la main.
- Jusqu'à la fin ?
- Oui.
- Et le docteur Bonnemaison n'est pas là ?
- Non. "
Le président appelle à la barre Pierre Iramuno. Il est le seul des proches des patients décédés à s'être constitué partie civile pendant l'instruction (la famille d'une autre patiente a annoncé sa constitution à l'ouverture du procès). C'est un solide gaillard de 61 ans, qui parle d'une voix calme. Il confirme avoir dit au neurochirurgien qui avait examiné sa mère qu'il ne voulait pas d'acharnement thérapeutique.
- Dans votre esprit, que signifie l'arrêt de l'acharnement thérapeutique ? lui demande le président.
- C'est ne pas pratiquer d'actes chirurgicaux ou médicaux inutiles.
- Vous a-t-on parlé d'injections ?
- Non. Jamais. Personne.
Il raconte surtout une autre expérience. Et ces mots font un effet terrible. "J'ai déjà vécu cette situation de fin de vie. Mon père était dialysé. Son état s'était terriblement aggravé et le médecin qui le soignait nous avait convoqués, avec ma mère. Il nous a parlé, nous a expliqué que mon père était en grande souffrance et il nous a demandé si nous étions d'accord pour arrêter la dialyse. Nous avons dit "oui", il nous a fait signer une décharge. C'était en 1994."
- Qu'attendez-vous de ce procès ? demande le président
- Je ne sais pas. Comprendre, peut-être.
Michel Le Maître lui rappelle les explications données la veille par le docteur Bonnemaison qui disait vouloir "protéger" les familles en ne leur faisant pas porter la responsabilité de la décision de sédation.
- J'aurais aimé avoir un échange avec lui.
- Que répondez-vous à cela, M. Bonnemaison?
Nicolas Bonnemaison se penche vers le micro. Les deux hommes se font face.
- Je suis bouleversé. Je considérais de mon devoir de vous protéger...
- Tout ce que vous pouvez me dire, c'est bien. Mais ça n'explique pas. Ce que j'aurais voulu, c'est que vous m'en parliez et qu'on décide ensemble. Ce que vous avez fait, je l'aurais compris, si vous me l'aviez expliqué."
Décider pour autrui, c’est tout simplement insupportable. Aller jusqu’à s’arroger le droit de vie et mort, terrifiante hubris.
pendant un instant j’ai eu l’impression que vous décriviez le rôle des médecins dans notre société.
Insupportable !
Non, tout montre qu’il n’a pas fait son boulot. Ni avec le personnel soignant, ni avec la famille.
Je suis infirmière, et je ressens avec cette affaire la même incompréhension que j’ai eu avec celle de l’infirmière qui a tué plusieurs patients dans un service de pneumologie. De quel droit ces « soignants » ont-ils décidé seuls qu’un être humain devait mourir ? Sans se soucier du besoin du patient et de sa famille de se dire « adieu »…la loi Leonetti existe, elle permet d’arrêter tout, sauf les anti douleurs, sauf les soins de confort, sauf la sédation si le patient ne veut pas se voir mourir. Elle laisse au patient le droit de partir en douceur, en dignité, entouré des siens. Ce médecin a enlevé au patient et à sa famille des minutes, des heures qui sont parmi les plus importantes dans la vie d’un être humain.
@ cof
merci collègue ! Vous m’enlevez les mots de la bouche !
Il faudrait expliquer aux gens ce que sont les soins palliatifs et comment se passe la prise en charge d’une personne en fin de vie ! Tout le contraire de ce qu’a fait ce médecin !! Agir ainsi en catimini sans en référer à personne c’est aussi empêcher les familles de dire des choses importantes à leur proches quand arrivent les derniers moments et ça, c’est primordial !
Linda, vous n’ignorez pas qu’énormément de patients, agonisants ou estimés en fin de vie, ne sont pas admis dans des services de soins palliatifs où ils seraient précieusement pris en charge… mais envoyés par les maisons de retraite et autres ehpad aux Urgences pour y mourir parfois dans des couloirs mouroirs.
Si des soins palliatifs pouvaient être garantis à tous, la plupart des questions de fin de vie seraient résolues.
Hélas nous en sommes loin, et trop souvent encore, c’est sur les compassions ou les outrances (qui ne sont pas des outrages) des Bonnemaison ou autres Bonnemort que les pauvres patients doivent pouvoir compter pour ne pas avoir à supplier voire à crier leur désir d’en finir.
Hollande a été élu sur la promesse d’améliorer l’assistance médicale en fin de vie, notamment sur la possibilité d’obtenir de l’assistance au suicide. Nulle contraire économique internationale ne pourra être prétextée pour ne pas tenir cet engagement.
Cof, je suis entièrement d’accord et aime votre présence à dire cela, merci!
Regardons la chose sous un autre angle : de quel droit un soignant s’arroge-t-il la responsabilité de
-maintenir en vie des personnes dont il n’a pas pris l’avis
-faire supporter à la société l’effort des soins
Nous serions bien informés de savoir quel serait votre état de pensée si c’était votre famille portée en victime. Il est facile d’accuser les couts engendrés à la société. Sortez un peu de votre écran misérable à checker votre compte en banque et allez voir un peu l’HUMAIN. Peu être que vous comprendrez qu’il n’y a pas que VOTRE petite personne égoïste en ce monde et que le principe de base repose sur le respect des patients et de leur famille même sur le point de mourir. Et que ca vous plaise ou non, je suis fier de cotiser chaque mois pour ça. Le retour de la médaille, si jamais il arrive, me soulagera de bien des soucis financiers.
WaterBoy, le soignant ne se donne aucun droit, il assume une responsabilité et une mission confiées par la société suivant en cela une tradition humaine pluri-millénaire, et dont le serment d’Hippocrate en est une expression synthétique. Votre angle de vue est parfaitement stérile.
Vous avez raison, pour soulager la société qui dépense trop pour les malades en fin de vie, on devrait faire procéder régulièrement à un abattage préventif parmi les personnes âgées et ceux touchés par une longue maladie et dont on ne sait pas si elles guériront…
vous êtes grotesque, au mieux
comment pouvez vous porter ce jugement sur cet homme ?
perdre sa mère, quel que soit l’âge et la condition, c’est un épisode compliqué dans la vie de quelqu’un
quel jugement stupide portez vous donc là !
sans aucune subtilité alors que justement cet article montre la complexité de la question
je ne répondais pas à JPM (entièrement d’accord avec vous!) mais bien à bourquin
Quelle hypocrisie, quelle stupidité. Le médecin a manqué de prudence, a fait avec une certaine légéreté un geste grave, à expliquer. La dernière fois que je suis allé aux urgences (BPCO), j’ai cru que le médecin urgentiste me faisait le coup du cocotier. J’ai malheureusement tenu mais j’aurais préféré tomber. La prochaine fois, je n’irai plus aux urgences mais me traiterai comme Deleuze. Pas de docteur Bonnemaison pour nous.
Quelle hypocrisie ! Toute personne qui a à faire avec la médecine sait que les médecins travaillent leur coin, sans communiquer ni avec leurs confrères ni avec leur patient.
J’ai suivie une amie victime d’un cancer. Chacun faisait ce qui lui semblait « juste » mais sans aucune analyse de fond. Chacun « connait son métier » et de toute façon ils gèrent une maladie, pas un patient qui n’est qu’un porteur de patologie.
Autre histoire plus récente, j’ai aujourd’hui la tutelle de ma grand-mère. Il m’a fallu 4 ans pour que le corps médical se rende compte de sa détresse. Le premier médecin renouvelait sans question les anti-dépresseur sans aucun suivi psychiatrique. J’ai fait un putsch en faisant rentrer un gériatre, mais c’était moi qui faisait la communication entre les 2, idem quand j’ai mis dans la boucle un psychiatre et un neurologue. Aujourd’hui, ma grand-mère est dans une maison de retraite temporaire et je me bats pour faire communiquer le médecin référence de l’EHPAD et son médecin traitant.
Je suis ingénieur en informatique et même en gérant des machines, je ne pourrais pas me permettre une telle arrogance.
Mais s’il y a bien une chose qui ne m’étonne pas, c’est cette affaire. De toute façon, sur un plan strictement médical, le médecin n’a pas besoin de l’avis du patient ni de la famille. C’est discutable, mais la loi est ainsi faite.
Vous faites des généralités absurdes ! Vous avez peut-être eu une mauvaise expérience mais votre argumentaire est inepte !
Une seule solution pour vous jtt : faire encore un « putsch », mettre « dans la boucle », pour vous faire soigner et faire soigner vos proches, des ingénieurs en informatique, dont la sensibilité et le sens de la communication sont, c’est bien connu, incomparablement supérieurs à ceux des médecins.
J’ai une formation d’ingénieur informaticien, et contrairement aux médecins, nous avons une formation en communication et en management. Donc niveau communication, on n’a pas de leçon à recevoir d’un médecin.
D’accord sinon sur le principe que tous les médecins ne sont pas tous des prétencieux égocentriques, même si c’est bien plus fréquent que chez les ingénieurs informaticiens
Cela m’étonnerait que les formations en communication et en management vous apprennent à gérer des situtations humaines aussi délicates que celles auxquelles un médecin peut être confronté.
La « communication » et le « management » sont des techniques de contrôle social au service de l’entreprise ou d’intérêts commerciaux et sont donc à l’opposé de la relation d’empathie que l’on attend du médecin, a fortiori dans les situations éprouvantes telles que les fins de vie.
Vous devriez vous réjouir qu’elles ne soient pas mises en œuvre plus largement dans la formation et l’activité des médecins. Le développement – malheureusement prévisible – de cet type d’approches dans la formation des professionnels de santé ne pourra que renforcer le sentiment de déshumanisation ou d’hypocrisie dont patients et familles se plaignent dans leur relation avec les soignants.
J’ajouterai pour l’avoir vécu que l’ infirmière en charge des pensionnaires de MARPA ne se gène pas pour augmenter les doses de sédatifs dans le petit déjeuner pour avoir la paix ! A défaut de parler avec eux quand ils ont besoin d’échanger…Pas le temps ! surtout si ceux ci sont mécontents. Alors le pensionnaire passe son temps à dormir sur sa table et on ne viendra le voir que dans 3 heures! Que les personnels ne jette pas l’opprobre sur ces médecin prompts à « aider un mourant à mourir ». Je suis révulsée de l’hypocrisie de ce procès. Il y a 20 ans des médecins mettaient déjà fin au calvaire de personnes qui auraient sans doute perdurées mais dans d’atroces souffrances a cause d’insuffisance rénales. C’est horrible d’entendre crier quelqu’un que l’on ne peut soulagé! Il n’y a donc que les vétérinaires pour comprendre que la souffrance est inutile dans certains cas? On accepte de faire piquer un animal parce qu’on l’aime et qu’on ne veut pas qu’il souffre mais on laisserait survivre un parent parce que le « serment d’hypocrite » prévaut!? Quand à la valeur marchande des soins , le calcul est simple plus on occupe de chambre, plus ça rapporte, car la sécu paie. : Dans certains établissement privés, c’est tout juste si vous ne risquez pas de mourir en mettant un pied parterre ! J’ai du signé une décharge pour renter chez moi et monter mes trois étages !
De l’arrogance des médecins.
Ce monsieur a un procès mais nous sommes nombreux à connaître d’autres cas.
Comme le fils de Madame Iramuno, je ne suis pas contre une aide pour une fin de vie « propre ». Mais que le toubib décide si la personne doit vivre (acharnement thérapeutique) ou mourir : non !
Je ne crois pas que cela ne soit que de la littérature. Je n’étais pas né il y a 28 ans pour savoir si les gens étaient mieux préparés à l’agonie et à la mort mais je constate aujourd’hui que ce n’est souvent pas le cas des médecins et des patients. Peut être est-ce la faute d’une médecine qui repousse sans cesse les limites sans les interroger.
Ces situations ne sont pas faciles à gérer. Je me souviens de la première fois où j’ai dû y faire face. Patiente âgée atteinte d’une tumeur cérébrale rapidement évolutive incurable. Crises d’épilepsie permanentes. Etat comateux et dégradation rapide de l’état général (encombrement, escarres). Décision d’un protocole de sédation par paliers. Les jours passent jusqu’au 15 ième. La famille est présente tous les jours assistant à cette pénible agonie. Il est difficile d’avoir la certitude que la patiente ne ressent rien. Un matin, la sédation n’est pas augmentée d’un palier mais de quelques uns. La patiente décède dans l’après-midi. La famille était en accord avec la prise en charge même si elle n’a pas été directement consultée le-dit matin. Le fils de cette patiente pourrait être Pierre Iramuno.
Ces situations sont chaque fois différentes comme la dernière il y a quelques semaines. Patiente âgée, cancer très avancé, occlusion digestive. « La mort naturelle est un processus simple » selon un des commentateurs du post précédent. Occlusion, vomissements incoercibles, inhalation, asphyxie. Pas le temps de réfléchir. Hypnovel. La petite fille de la patiente lui tient la main.
En ces deux histoires, quelques années écoulées et la lecture approfondie de la loi Leonetti qui encadre une prise en charge symptomatique de l’agonie. Il ne s’agit pas ici de discuter les raisons des décisions prises par le Dr Bonnemaison. Ces patients seraient probablement décédés « naturellement » quelques jours plus tard ; ou le même jour à la même heure dans un autre service après décision concertée et information de la famille. La loi Leonetti insiste sur ces deux points. Une seule personne ne doit pas prendre la responsabilité de la résolution de situations si complexes. Associer les familles à la prise en charge est une condition indispensable au deuil non pathologique.
Le Dr Bonnemaison n’a semble-t-il pas respecté ces deux points. Je ne sais pas quelle peine cela mérite. Peu être uniquement un procès et son récit par Pascale Robert Diard. Je ne crois pas trop aux vertus d’une peine mais cela est un autre débat.
Merci d’éclairer si bien le débat.
Merci pour ce témoignage clair et éclairant. C’est bien parce qu’on ne veut pas que le médecin décide tout seul lorsque les limites de la loi Leonetti sont atteintes, qu’il faut faire évoluer cette loi pour les cas de fin de vie où le malade ne peut plus exprimer son choix et que l’arrêt des soins entraîne une longue et abominable agonie
Mon père venait d’avoir 86 ans. C’était l’année dernière… Et puis, un jour qu’on venait le chercher pour l’amener à l’hôpital, son chat lui vient entre les jambes. Il se baisse pour l’écarter de la main, et… il s’est cassé le col du fémur en tombant. Quand le diagnostic a été fait, nous savions qu’il était condamné. Parce qu’il était à bout, comme il disait, bouffé depuis 3 ans par la leucémie. En soin palliatif (transfusions sanguines) sur la fin. Je pense qu’il a sollicité l’acte d’ « accompagnement », mais je n’ai jamais demandé au corps médical ce qui s’était passé : Il était d’avant sur le fil du rasoir, c’était fini. Mais il est vrai au vu du cas présent qu’il faut instaurer un encadrement objectif, ne pas laisser au corps médical une entière opportunité dans le flou qui plus est des démarches occultes. Sinon, on commence comme dans le cas d’espèce de M. Bonnemaison, et on finit dans l’arbitraire le plus total.
Je vous suis absolument dans votre raisonnement. Que le legislateur fasse son travail sinon c’est a la justice de faire le sien, jamais au praticien sauf les cas extremes et surtout uniques d’accord avec le patient.
Inutile de faire une autre loi, la loi Leonetti suffit largement. Le problème est que de nombreux médecins ne la connaissent pas ou veulent l’ignorer. Diffusons cette loi, que chacun sache qu’il peut réclamer pour lui même ou son proche une fin de vie digne, décidée avec le patient, s’il le peut, tous les professionnels et sa famille.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous. La loi Leonetti ne permet pas de mettre fin aux jours du patient agonisant, mais à le mettre sous morphine en arrêtant les sondes alimentaires. Et cette agonie peut alors durer des jours et des jours. Et c’est vraiment difficile à vivre pour tout le monde: le patient, les proches et le corps médical. C’est bien de cela que l’on parle ici: collégialement abréger la fin de vie dans les cas extrêmes.
Une jeune aide-soignante qui sort de l’école, dont c’est le premier poste, témoigne contre le médecin… Sans vouloir jouer les mandarins, il faut sans doute pondérer ce témoignage.
Réaction typique de mandarin en effet. Êtes-vous de la profession?
Le fait qu’elle soit tout juste diplômée ne l’empêche pas de donner les allers et venues du médecin.
Elle ne temoigne pas contre le medecin. Elle temoigne des faits pour que la justice puisse t’etre rendue. En quoi une relation hierarchique impliquerait-elle un devoir de silence? Les premiers devoirs des soignants vont aux malades.
Tout à fait d’accord avec Munstead. Mais PAS pour votre supposé devoir de silence hierarchique. Simplement parce que si cette personne avait eu plusieurs années d’expérience dans des services ou la mort fait partie du quotidien elle aurait certainement vue la scène de manière bien différente. Son appréciation fut, à mon avis, fortement marquée par les connaissances théoriques accumulées durant les études et amplifiée par le choc crée par le décalage entre la théorie et la dureté de la pratique.
L’article est centré sur le témoignage de la jeune aide soignante, certes, car fort et touchant, mais une infirmière est également là pour apporter sa vision des faits. Laquelle concorde étrangement avec celle de « la jeune aide soignante »…
Ne préjugez pas de la jeunesse. Être jeune n’est pas une maladie, et ne justifie pas que l’on dénigre son point de vue. Certes, elle a peut être été plus sensible à cet acte qu’une personne avec plus d’expérience. Mais si l’on prend le problème dans l’autre sens, la personne qui est confrontée tous les jours à ce genre de décisions, et qui en arrive à trouver cela banal, ne perd elle pas un peu de sa sensibilité, de son humanité ? Bref, un regard neuf apporte souvent beaucoup !
Monsieur Bonnemaison, la Caisse d’Allocations Familiale vous dit merci.
C’est d’abord au legislateur de faire son travail s’il pense que cela peut etre utile en France. Sinon, ce sera a la justice de faire le sien au cas par cas. En derniere analyse, ce doit etre au patient present ou futur de se prononcer, a un moment ou il en est capable. Pas au medecin ni a la famille, et surtout pas contre son avis. Jamais. Et pourtant je suis pour le choix du dit patient, mais pas pour les abus qui sont alors des crimes. L’exemple neerlandais me parait interessant.
Ainsi il est reproché au médecin urgentiste d’avoir agit seul sans le consentement de la famille ni de ses collègues, ni du personnel soignant. Or, ces derniers semblent tous reconnaître le tableau clinique des patients, il est bien question de FIN DE VIE. Comme infirmière en Belgique, ce que les français semblent pas du tout comprendre c’est le NTBR qui est écrit dans les dossiers médicaux. Not to be reanimated ce qui inclu pas d’acharnement et un jour la dernière injection sera donnée. C’est une question de déontologie. Jamais dans ces cas là nous ne dénonceront les médecins de services. Il y a une immense hypocrisie avec la LOI Léonetti Je déplore que le docteur Bonnemaison soit ainsi dénoncée par un personnel soignant qui n’a pas la grandeur d’avoir discuté avec lui les dossiers des patients mais sont restés aux aguets. C’est pas ainsi que j’ai appris à travailler avec le personnel médical. Quand la mort est à l’oeuvre cessons d’être des hypocrites Fin de vie tout est déjà dit, su, connu et reconnu, par la famille, le personnel infirmier et médical. Il n’y a pas empoisonnement ni meurtre, il y a que c’est LA FIN DE VIE.
A ce stade du dossier je suppose que la justice a pu déjà établir si les patients étaient bien en fin de vie. Si c’est le cas, le Dr Bonnemaison a oeuvré dans leur intérêt en abrégeant leurs souffrances, comme on dit. Sa faute serait alors ailleurs mais certainement pas vis-à-vis de ses patients.
La faute serait dans l’absence de communication avec la famille et l’équipe soignante. La justice devra donc déterminer quelle doit être la sanction pour cette faute réelle, en tenant compte toutefois du fait que le médecin a abrégé les souffrances de ses malades. Les familles ont dans la circonstance une double peine, celle de perdre un parent et celle de décider d’abréger sa vie pour lui éviter des souffrances. Le fait de ne pas savoir et de se reposer sur la confiance dans l’équipe soignante est plus confortable mais n’est pas la solution choisie par la majorité des familles. La faute du Dr Bonnemaison est principalement d’avoir méconnu cet aspect de la question.
Je crois que certaines personnes n’ont pas très bien compris le sens, la valeur, et la portée d’un acte, fut-il issu d’un membre du corps médical, sur la vie d’autrui. Qui a le droit d’agir sur le devenir de la vie d’autrui ? celui qui le fait dans les règles de l’art, donc conformément aux règles de droit applicables. Sinon, si son fort intérieur et si seulement celui-ci règle sa conduite, sans aucune référence à son environnement, donc au droit objectif qui règle la vie en société, alors je vais prendre un flingue et tuer tel grabataire que je connais par exemple. Je dirai, de bonne foi peu importe, que c’est pour son bien, et qu’en plus un poids en moins ne pèse plus sur la société (la CAF vous dit merci…). C’est ça la vie ? putain, mais revenez-en aux pratiques de la Sparte antique : on flingue à la naissance les plus chétifs, pas de freluquets chez nous, etc… Du jour au lendemain, on dit à une famille : – « ah il est plus là, on a fait ce qu’il y avait à faire. On peut plus le voir on l’a fait incinérer tout de suite, vous comprenez les microbes… ; tiens voilà l’urne. mdr : c’est ça total respect, mais bon sang elle sont où là les valeurs fondamentales auxquelles a adhérée toute bonne société démocratique qui se respecte… Ya le Soudan ou similaire, à contrario. Si je comprends bien la fin de vie est une condition exorbitante des règles les plus élémentaires applicables. Mais pourquoi il est devant un tribunal, Bonnemaison après tout ? Le plus efficace c’est de les virer dans les bennes à ordure les vieux, tous les matins, ils encombrent là non ? Là, la CAF et autres organismes de prestations retraites vont être soulagés, mince… Décidément, je le dis à certains, nous n’avons pas les mêmes valeurs, et vous êtes loin, vraiment loin, des valeurs fondamentales qui s’appliquent dans nos sociétés évoluées.
Votre langage, votre ton et vos propos montrent que vous souffrez aussi d’un certain éloignement de la sagesse.
Ceci dit, sur le fond il n’a pas tort.
Une fameuse blague dit « La première cause de divorce est le mariage ». On pourrait dire la même chose de la fin de vie, et justifier tout et n’importe quoi si l’on suit la logique de l’auteur précédent.
C’est pour cela qu’il y a un procès. Le justice dira quel est le niveau de la faute du Dr Bonnemaison.
A tord ou a raison la prise de responsabilité de certains fait avancer la démocratie parce qu’elle fait ressortir l’incongruité de certaine lois votées mais incompatibles avec les antagonismes que vivent les soignants au quotidien. Celui qui souffre et qui est au bout de sa vie a le droit de confier sa mort à un « professionnel » parce qu’il l’aidera proprement …Je ne voudrais pour rien au monde que l’on me fasse « survivre » au nom de l’éthique. A quoi sert ce sursit sinon rassurer les bien pensants, ceux qui ne savent pas que dans d’autres pays la mort est juste libératrice. Ceux qui auraient voulu que l’on leur demande leur avis ce sont toujours des bien portants, pas des malades en fins de vie qui attendent parfois la fin avec l’espoir d’un soulagement définitif.
je suis heureuse de ne pas être en Belgique quand on lit votre commentaire : vous agissez et pensez avec la même légèreté que ce docteur qui se croit le droit d’abréger une vie sans accompagner ni le patient, ni la famille… A quand l’euthanasie sans accord du patient ni de la famille histoire d’économiser des sous de la sécu??? tant qu’à faire, autant faire d’une pierre 2 coups, éviter la douleur probable (mais nécessaire au deuil) de la famille (mais qu’en est-il du patient laissé seul à son agonie!) et gagner un lit d’hôpital!!! Vive la Belgique! On a pas la même conception de la fin de vie respectée et accompagnée. Votre commentaire me fait vomir.
Nous comprenons très bien la problématique de la fin de vie, merci. Notre loi demande au médecin d’en parler avec la famille et en équipe de soins au lieu de décider seul, ce n’est pas difficile à comprendre non plus, même pour un(e) belge ?
Vous avez bien sur le droit d’avoir votre avis. N’empêche, la loi est ainsi faite et la déontologie doit en tenir compte. Ici, la déontologie imposait à l’aide soignante et à l’infirmière de témoigner objectivement, ce qu’elles semblent avoir fait, y compris à l’encontre d’un médecin ayant fait son ultime devoir auprès de ses patients. Car ce n’est pas l’acte de fin de vie qui est jugé ici, mais la manière dont le Dr Bonnemaison semble l’avoir imposé, sans consulter quiconque.
Le Dr Bonnemaison déclare avoir voulu assumer la responsabilité ultime et protéger ses patients. Malheureusement pour lui, il a réussi. Le voila donc en train d’assumer ses responsabilités judiciaires devant un tribunal pénal, après avoir répondu de ses responsabilités médicales devant ses pairs. Car n’oublions pas non plus que le Conseil de l’Ordre des Médecins l’a déjà condamné à la radiation (et non pas à une déchéance de son titre de docteur comme on peut le lire dans l’article du Monde).
« Je suis bouleversé. Je considérais de mon devoir de vous protéger »
Dr Bonnemaison
Sauf à considérer a priori le Dr Bonnemaison comme un usurpateur assassin nageant dans la toute puissance du droit de vie et de mort, là où il se trouve, sur le banc des accusés, il n’argumente pas. Il ne se justifie pas.
Il exprime sa conscience et sa pensée des situations en fin de vie – c’est-à-dire des situations face à la mort INÉLUCTABLE – qu’il vivait jour après jour heure après heure près de ses patients, et des traitements et décisions qui en découlaient, face à des malades pris individuellement.
Cette conscience, alimentée de chaque patient successif pris en charge était celle qu’il avait à cette période précise de son exercice.
Il ne peut pas y avoir de certitude quand vous traiter la vie et la mort professionnellement. Parce que vous ne pouvez pas être que professionnel. Chaque décès, chaque famille, chaque détresse ne peut que vous faire évoluer d’une pensée vers une autre sur une base nourrie des situations et personnalités successives à soigner et soulager.
Le vécu du Dr Bonnemaison lavé de toutes les illusions que peuvent encore entretenir une expérience unique même excessivement douloureuse d’une famille et des proches, est un chemin lié à ses connaissances et son expérience.
Que dit-il ? « Je considérais de mon devoir de vous protéger » vous le fils, d’une décision dont vous pourriez ne jamais vous remettre. En mon âme et conscience, je PENSAIS que prendre la décision d’une anticipation de la mort de votre proche compte tenu de votre attachement filial ne vous permettrait pas le recul vital nécessaire à un deuil paisible.
Il en était là. Sauf à considérer a priori qu’il était dans une toute puissance mortifère, qu’a-t-il vécu pour d’une part arriver à cette pensée, et d’autre part que ces situations soient si fortes et prégnantes qu’il en arrive à mettre son exercice et sa liberté en danger en prenant la décision seul d’abréger la vie de ses patients irrémédiablement condamnés avançant dans le couloir de la mort inconditionnelle, afin de protéger les proches ?
Et même s’il se trouvait dans cette toute puissance, est-il un cas isolé ou bien pouvons-nous retrouver des praticiens aboutissant à des décisions identiques en négligeant de se protéger eux-mêmes ?
La décision conjointe patient/ équipe médicale/famille/ est celle qui fait l’unanimité parce qu’apparaissant comme la plus juste aujourd’hui.
Elle devient une certitude fondée sur l’éthique qui s’impose progressivement devant le nombre exponentiel d’agonisants au long terme à prendre en charge à l’hôpital ou à domicile.
Les exemples évoqués présentent le plus souvent les décès plus ou moins espérés feutrés de personnes âgées, de descendants. Si vous convoquez l’horreur au long cours, le décès inéluctable d’un enfant agonisant, d’un ascendant, faut-il convoquer l’éthique innovante en impliquant les parents dans une décision susceptible de se transformer en ravage ou laisser mourir cet enfant sans le soulager donc sans intervenir pour protéger les parents d’une telle décision ?
Les familles, parce qu’elles sont supposées être attachées aux mourants, sont-elles vraiment plus légitimes pour posséder la décision finale ? Jamais de sentiments et décisions mues par autre chose que l’amour ?
Que faisaient les médecins de famille il y a une trentaine d’années ne disposant pas de traitements aussi pointus et efficaces qu’aujourd’hui ? Ils restaient là, impuissants, à attendre la mort de leurs malades dans des souffrances physiques et psychologiques indicibles ? Étaient-ils plus indifférents et moins concernés que les médecins d’aujourd’hui ?
Cette éthique est balbutiante et ne peut être ni certitude ni universelle. Elle peut être, elle doit être humaine donc évolutive. Une loi ne peut pas ne doit pas être une prison.
Merci aux équipes soignantes de se consacrer à une spécialité aussi désarmante, de nous accompagner et de chercher le plus souvent à soulager les patients ET les familles.
Merci de cette intervention.
Je ne suis pas d’accord avec vous. On ne demande pas au médecin de « protéger » les proches en pensant à leur place et en supposant qu’ils sont incapables d’assumer une décision, on leur demande d’accompagner les proches dans une décision à prendre d’un commun accord. Il faut au moins essayer. C’est ce que la loi lui demande , et c’est ce que le fils de la défunte aurait souhaité.
Votre argumentaire est brillant mais oublie toutefois un point. Si l’on ne peut pas en parler avec la famille, au risque d’engendrer des souffrances insoutenables, ne peut-on au moins en parler avec ses pairs ? Avec d’autres personnes ayant la même objectivité, mais pas forcément le même point de vu, que soi ? Telle serait d’ailleurs la vrai objectivité, s’affranchissant incontestablement de toute considération personnelle.
Difficile de parler d’euthanasie dans le cas présent mais de sédation. Le médicament injecté l’Hypnovel (nom déposé), molécule le midazolam, n’est qu’un sédatif de la catégorie des benzodiazépines, comme le diazépam (nom déposé Valium). Et on ne peut pas demander sérieusement à ce que chaque medecin fasse une réunion collégiale avant de décider de l’injection d’un sédatif sur un patient …
Bien sûr cette patiente était en fin de vie. Bien sûr n’importe quoi aurait sans doute pu précipiter sa fin. Mais on ne peut pas reprocher au Dr. Bonnemaison d’avoir chercher à l’adoucir avec un sédatif.
Et je suis désolé mais ce n’est pas à une aide soignante débutante de surcroit de décider de la prescription ou de la non prescription d’un traitement.
Avec tous ces beaux esprits procéduriers les médecins empathiques (il y en a !) n’oseront plus rien faire ! On aura tout gagné !
Je précise que je ne suis pas médecin.
Le risque est là : face à certaines pressions idéologiques, l’instauration d’un climat de méfiance au sein des services, et la stricte et froide application de protocoles si peu conformes soient-ils à ce que demanderait parfois l’assistance humaine en urgence à humain en souffrance terminale.
Le risque inverse existe aussi : que chaque médecin puisse s’estimer le grand Décideur solitaire du destin de ses patients.
C’est pourquoi il faut une loi plus claire, ouvrant plus clairement les possibilités d’assistance médicale à la mort ou au suicide en fin de vie. Et permettant que les directives (anticipées ou actualisées) des patients soient mieux prises en compte.
« médecin empathique »… quelle belle expression !
mais tout dépend qui a droit à cette prétendue « empathie »… manifestement, pas la famille, considérée comme objectivement mineure puisqu’on s’arroge le droit à décider à la place d’autrui au prétexte de le vouloir « protéger »…
dans le même genre, il y avait jadis les médecins qui faisaient sans anesthésie leur curetage aux femmes soupçonnées d’avoir procédé à un avortement clandestin… ou ceux qui naguère considéraient légitime d’injecter de la pénicilline sans dose anesthésiante à un patient atteint d’une IST pour lui passer l’envie de « recommencer »…
Vous exagérez probablement. Je pense que ce sont les médecins qui soignent les IST qui ont appris à leurs confrères et au grand public qu’elles étaient des maladies comme les autres. Je ne crois pas que la leçon soit venue dans l’autre sens, du public vers les spécialistes des MST.
Les mentalités face aux IST ont évoluées avec le temps et les plus ouverts ont généralement été ceux qui les traitaient. Mais ils partaient de loin. Les mentalités évoluent petit à petit. Souvenons nous que l’hôpital Saint-Louis fut créé pour soigner les prostituées parisiennes et que le traitement comportait à l’époque une séance de fouet dans la grande cour car la repentance faisait partie du traitement.
J’espère que ce « médecin » sera condamné. Comment avoir confiance dans l’institution médicale après ça? Ce n’est pas de la « compassion », ce sont des meurtres! Bientôt on n’osera plus aller se faire soigner ou se plaindre de douleurs de peur de se faire « soulager » par des « humanistes compatissants ».
Vous avez raison et le fait de communiquer avec l’équipe soignante permet d’éviter des erreurs individuelles. Le Dr Bonnemaison était peut-être un très bon médecin (chef de service des urgences) et a pu porter à chaque fois le bon diagnostic. Je suppose que les cas concernés ont été examinés par de multiples experts et qu’il a été établi que le diagnostic du Dr Bonnemaison fut toujours bon. Néanmoins le risque serait que des médecins n’ayant pas la même qualité de diagnostic prennent des décision erronées et abrègent la vie de personnes n’ayant pas un pronostic vital inéluctable et n’ayant pas de souffrances intraitables. Il faut donc mettre des règles pour éviter les erreurs individuelles et punir ceux qui ne respectent pas ces règles. C’est la moindre des prudences.
le Dr Bonnemaison a de très lourds antécédents psychiatriques tant personnels que familiaux qui lui ont valu de tripler son PCEM1, d’interrompre ses études un an et demi et de passer de chef de service des urgences à responsable , au sein des urgences, de seulement 8 lits de court séjour en attendant un lit ailleurs ou un retour à domicile. Hospitalisé en psychiatrie en 2009 (le directeur de l’hôpital a déclaré à la cour avoir craint un suicide en 2009 ) les infirmières ont décrit un médecin qui se servait abondamment en opiacés au motif de douleurs de dos dans l’infirmerie du service et n’était plus le même homme qu’avant cette hospitalisation psychiatrique.
les traitements psychotropes qu’il prenait en raison de sa maladie psychiatrique chronique seront-ils évoqués devant la cour car un traitement neuroleptique, par exemple (traitement fréquemment prescrit à des malades sévèrement dépressifs )pourrait expliquer, associé à la maladie, le comportement d’un médecin incapable de dialoguer avec son équipe et déconnecté de la réalité entre neuroleptiques et opiacés en automédication.
Il faut une vraie médecine du travail pour les médecins!
C’est presque drôle, ici le docteur est un ange ( http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2014/06/11/nicolas-bonnemaison-leuthanasie-nest-pas-mon-combat/ ) et maintenant c’est un monstre… Est ce qu’il est impossible de remettre en question le travail d’un journaliste ? Est ce qu’on est obligés de réagir dans l’émotion sur tout, de prétendre tout savoir sur tout, sur qui sont les gentils et qui sont les méchants ? Et qu’est ce qu’on vient chercher en tant que lecteur ? La possibilité de s’indigner de tout, être sûr d’avoir raison sur tout et donner des leçons au monde entier ?
Ca me rappelle un peu le procès d’Outreau. D’abord « ces gens sont des monstres et on doit leur couper les couilles ». Ensuite non « ils sont innocents, les juges sont des monstres ! » et à aucun moment on ne voit un lecteur se remettre en question et constater qu’il est comme une girouette que s’amusent à faire tourner les journalistes.
Voyez-vous, cela s’appelle une audience pénale, avec des éléments à charge et à décharge. Et cela vaut mieux quand on doit juger un homme. C’est la différence avec le café du commerce.
Cette histoire de pari sur la mort d’une vieille dame était déjà connue lors de la publication de votre premier billet. Mais vous semblez vouloir à tout prix trier le noir et le blanc, pour que chaque indigné y trouve son compte, plutôt que de présenter l’information nuancée telle qu’elle est. Le café du commerce vous dites…
Ce qui ne retire rien au commentaire de qsdf : le procès ne se tient pas dans les unes des journeaux, exposé à tout vent, mais dans un tribunal.
Si les tribunaux exposent en effet les éléments à charge et à décharge, qsdf vient de démontrer que les journalistes n’ont pas les mêmes impératifs.
ce qui est grave dans ce cas, c’est la légèreté avec laquelle il a agit, avec un manque évident d’humanité, (« elle sera morte ce soir ») comme si mourir cela devait se faire sur un pari.
Ma mère a eu une avc et je suis restée la dernière nuit avec elle, à lui tenir la main. même si ses dernières heures étaient terribles, jamais je n’aurais voulu qu’on abrège ces instants. J’ai pu ouvrir la fenêtre l’après midi de sa mort, elle s’est envolée, librement et nous avons eu le temps de lui dire au revoir.
Comment peut on traiter des patients en fin de vie ainsi, les laisser seuls à leur agonie sans leur tenir la main.
Ce monsieur se réclame humain et attentif aux familles, il n’en est rien et il mérite largement sa peine, qu’on ne lui trouve aucune excuse. Les témoignages que je lis par ci par là, n’ont rien à voir, lorsque le patient souffre terriblement et que sa mort se prolonge sur plusieurs jours dans des conditions terribles, bien entendu qu’il est nécessaire d’abréger ses souffrances, mais là, un seul jour alors qu’elle est stable et n’a pas de signe de souffrance! Quelle honte!
Tout le monde ne meurt pas comme votre mère, paix à son âme. Certaines morts passent par une longue et douloureuse agonie. Le Dr Bonnemaison n’a a priori pas agi conformément à la déontologie et la loi, mais le problème reste celui-là: comment abréger l’agonie de personnes en fin de vie, collégialement, et sans passer par arrêt des sondes alimentaires et perfusion de morphine
ne me faites pas rire, j’ai les lèvres gercées, Monsieur l’Ordonnateur pour tous
Pour faire le « Contrepoint ». En démocratie tous les opinions se valent et on voit ce que cela fait. En soins palliatifs tous les opinions NE SE VALENT PAS. Je soutiens Bonnemaison.
vous le soutenez, dites-vous… grand bien vous fasse ! il semblerait quant à lui qu’il semble (enfin… mais il n’est jamais trop tard) comprendre que dans la vie, il y a des gens responsables en face de vous.. même s’ils n’ont pas ce titre ronflant de « docteur » dont vous vous targuez avec arrogance !
permettez-moi de vous rappeler qu’il n’est jamais qu’un simple « doctorat d’exercice » alors que les « docteurs scientifiques » (i.e. qui ont préparé et soutenu une thèse autrement plus ardue et touffue que la vôtre) sont privés du droit de le porter en france comme ils y ont droit partout en europe…
« Ce que vous avez fait, je l’aurais compris, si vous me l’aviez expliqué. »
Donc le problème n’est pas la sédation et ses conséquences mais le déficit d’explications?
Pourquoi donne-t-on de l’importance à la parole des soignants quand il s’agit d’écourter mais aucune quand il s’agit d’acharnement thérapeutique. Existe-t-il d’ailleurs des procès pour acharnement thérapeutique et si non pourquoi?
Mais au fait quelle était l’opinion de Françoise Iramuno sur la question avant qu’elle ne puisse plus s’exprimer? Est-ce que quelqu’un s’est seulement demandé si elle en avait une?
Derrière ce jugement, on a l’impression que le vrai problème est ailleurs. Les services hospitaliers semblent manquer de moyens (humains ou financiers). Ils paraissent débordés par le nombre de malades et sont contraints d’agir à la va-vite, du mieux qu’ils peuvent. Dans cette situation de crise, ils font forcément des erreurs malgré eux. Des erreurs souvent impardonnables.
Ce que je remarque c’est que l’on met l’aide soignante en exergue , alors qu’il y a aussi une infirmière et d’autres soignants , pourquoi nommer seulement l’as , je puis vous affirmer que si il s’agissait d’un fait honorifique , on ne mettrait pas l’as en avant bien au contraire, petit personnel pour les corvées , grand personnel pour les honneurs .toujours le petit âne pour les corvées .
Je suis touché par la qualité de certains commentaires – en particulier ceux de ABCD et Untel.
Je vis actuellement l’agonie de ma mère, à domicile. Un AVC il y a quatorze mois, hémiplègie, GIR 2 et maintenant GIR 1.
Je m’en suis occupé jour et nuit, souvent seul. Egalement pour les aspects stimulation, ergothérapie, et rééducation kiné cognitive – en toute modestie évidemment.
Echouer dans les prises en charge hospitalières, ou les parcours médicaux disponibles – notamment par le truchement d’ambulanciers, est catastrophique. Du moins en son cas cela l’a été.
J’ai pu observer pendant cette période une population de soignants très hétérogène – de l’incompétence avérée – je pense notamment aux médecins en gériatrie de l’hôpital de D., à l’implication et l’efficacité touchantes de certains autres.
Des protocoles sont indispensables, bien sûr. Mais comme il a été dit tout parcours est singulier. La responsabilisation personnelle des équipes soignantes est à mon avis essentielle. Je dirais qu’il faut laisser toute sa part d’autonomie aux soignants et valoriser cet aspect. Rien ne sert de s’éloigner de l’humain. Faudrait-il à ce point s’en méfier ?
D’autre part il serait certainement utile de se rappeler au souvenir de ses proches avant le dernier combat, l’agonie. Que vaudrait quelques heures où l’on voit se débattre les êtres aimés dans la souffrance au regard de toute une vie où l’on pouvait leur donner beaucoup. En la matière ne soyons pas égoïstes et beaucoup plus prévoyants.
J’entends aussi évoquer le franchissement de limites qui devraient passer pour effrayantes : la porte ouverte à tous les abus. On en est bien loin dans les cas évoqués. Le jour où des abus seront visibles il sera bien temps d’agir. Pour l’heure le véritable abus est bien de laisser la mort s’opérer dans la souffrance.
Bonnemaison a voulu également protéger les proches ? L’argument s’entend. Disons que moi je l’entends.
Vous comparez des situations qui n’ont rien à voir car les victimes connues présumées du Dr Bonnemaison étaient hospitalisées.
la mère de la famille partie civile depuis le début ne s’était blessée que depuis très peu de temps et sa belle-fille n’a pas pu la revoir avant la morgue.
PS: dsévoué comme vous êtes aimeriez-vous que votre mère soit achevée pour gagner un pari par un médecin qui triche en pariant sur la durée de survie et réclame son prix, un gâteau au chocolat pour le manger de bon appétit en se pavanant comme grand clinicien malgré son traitement psychiatrique et son automédication à la Dr House mais l’intelligence des diagnostics et l’intégrité intellectuelle en moins ?
Merci de votre commentaire.
En quoi le fait d’être hospitalisé change la donne ?
Vous parlez là d’une patiente de 86 ans dans le coma après une hémorragie cérébrale.
Pensez-vous que les dialogues avec sa belle fille aurait été d’un quelconque contenu si elle avait par miracle échappé à ce coma ?
En gros, croyez-vous bien connaître ce sur quoi vous argumentez ? Honnêtement.
Votre PS n’est-il pas un peu idéologique ? Il est dangereux de croire, seulement croire. Selon moi.
Avez-vous déjà participé à une douloureuse agonie ?
Les familles qui, à domicile, soignent une personne très agonisante peuvent avoir été épuisées par des semaines , des mois de soin et réclamer la mort le plus vite possible, par KCL ou curare si besoin, mais, à l’hôpital les familles peuvent attendre quelques heures de plus et voir un patient mourir seulement de sédation. Là c’est différent:
J’ai été interne en neurochirurgie durant mes études et je sais la différence pour les familles entre aller voir un cadavre à la morgue et revoir et embrasser une dernière fois un proche comateux mais vivant et ne présentant aucun signe de souffrance comme Mme I dans un lit d’hôpital.
Le neurochirurgien n’a pas proposé d’euthanasie même passive parce qu’il savait que sa patiente allait mourir assez vite mais en laissant un tout petit peu de temps à la famille pour s’habituer et faire ses adieux à une parente qui allait bien la veille et avait souffert d’une chute sous anticoagulant provoquant une hémorragie cérébrale.
NB: Le Dr Bonnemaison ne possède aucun titre d’ancien interne ou ancien chef de clinique mais il a voulu montrer qu’il était meilleur pronostiqueur de survie que le neurochirurgien.
Ses avocats l’ont coaché et il présente des arguments nouveaux que le président n’a pas trouvé dans le dossier et des lunettes rondes lui donnent maintenant un air poupin, il n’en reste pas moins un simple docteur en médecine titulaire d’un certificat en soins palliatifs bien moins compétent que le neurochir pour savoir ce qu’il fallait à cette patiente et à cette famille et le neurochir avait discuté avec le fils…
PS: Je connais particulièrement bien les problématiques de fin de vie en raison d’une longue vie conjugale avec un réanimateur médical et aucune croyance religieuse n’intervient dans ce que j’ai écrit, faute de foi personnelle.
Néanmoins, il faut respecter les patients et les familles qui, notamment musulmans, sont terrorisés à l’idée qu’ils pourraient être les victimes d’euthanasie active-selon leur conviction spirituelles qui valent indubitablement les miennes et les vôtres quand seule les circonstances de leur propre mort est concernée.
Un catholique est venu aussi dire qu’il espère ardemment que son oncle très croyant n’a pas été euthanasié par le Dr Bonnemaison.