Jeux de rôles autour d'un soir d'émeutes

Par Jean-Michel Helvig

Publié à 06h00
Mise à jour : 07h44

Jean-Michel Helvig
Jean-Michel Helvig (PP)

Si tous les ministres de l'Intérieur devaient démissionner lorsque des casseurs et des pillards viennent troubler l'ordre public en région parisienne, il y aurait eu beaucoup de dégâts dans les carrières de quelques unes des personnalités politiques les plus éminentes du pays. A commencer par Nicolas Sarkozy qui, installé place Beauvau, dut faire face en 2005 à une quinzaine de jours de quasi sédition dans les banlieues. Mais l'on pourrait ajouter les noms de bien d'autres à droite et à gauche. Notamment lors des cortèges étudiants ou lycéens où une certaine "racaille" vient s'infiltrer parmi les manifestants pour "faire les courses" au détriment des commerces situés sur les parcours.

Ce n'est pas, selon les caricatures en vigueur, que les ministres seraient spontanément "laxistes" à gauche et "fachos" à droite, mais seulement que s'enracine dans les zones urbaines une jeunesse désocialisée où le recours à la violence est une forme d'exutoire autant que de revanche.

Ce qui s'est passé lundi soir à Paris, à l'occasion de la remise du trophée "hexagoal" au PSG, s'inscrit dans l'histoire déjà "lourde" de ce club et de ses supporters "ultras." Au demeurant, en aurait-il été de même si avait été saccagé, non pas un quartier "bourgeois" de l'ouest parisien mais un autre plus "populaire" à l'est ? La force des images et du son des médias d'information permanente - tous implantés à l'ouest - a de toute façon transformé en un drame national ce qui était un des débordement coutumiers autour du club de football parisien, dont le bilan, au fil des années, est d'une gravité sans égale dans le pays. N'a-t-on pas déjà relevé des morts ?

Jamais il n'aurait fallu autoriser un tel rassemblement en ce lieu où des échafaudages étaient dressés pour travaux et à proximité des Champs-Elysées où se concentrent touristes et commerces de luxe. Mais c'est facile à dire après, d'autant que les émeutiers ont, semble-t-il, fait de sorte d'échapper à la surveillance policière dans les gares.

On peut dire qu'il est scandaleux que les forces de l'ordre n'aient pu empêcher les exactions commises, on peut avancer aussi qu'elles ont évité que les affrontements prennent un tour encore plus dramatique. Il serait temps, que la sécurité publique soit enfin considérée dans ce pays comme un enjeu où les postures du "plus ferme que moi, tu meurs ! " seraient bannies au profit d'une approche rationnelle de ces problèmes auxquels nul gouvernement, de gauche comme de droite, ne peut échapper à l'époque contemporaine.