MUNICIPALES 2014 - C'est une petite première dans la grand déballage patrimonial. Promues dans le but d'affirmer la transparence de la vie politique, les déclarations de patrimoine deviennent (déjà) des armes de propagande politique, comme le redoutent plusieurs élus de droite comme de gauche. Cette crainte vient d'ailleurs de trouver un cas pratique dans la campagne municipale de Paris où s'opposent la candidate socialiste Anne Hidalgo et l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.

Ce mercredi, la dauphine de Bertrand Delanoë a dévoilé son patrimoine depuis son blog de campagne, indiquant au passage toucher 5000 euros de revenus mensuels. Un chiffre contesté par un conseiller de Paris du Xe arrondissement, Serge Federbusch, qui l'accuse sur le site Atlantico d'avoir oublié de déclarer "40% de ce qu'elle gagne" réellement en tant que retraitée de la fonction publique et conseillère régionale.

Comme le rappelle Le Parisien, il est possible qu'Anne Hidalgo ait choisi le prélèvement à la source de ses impôts et qu’elle cotise à une retraite complémentaire, ce qui expliquerait la différence.

L'UMP s'est néanmoins empressé de rebondir sur la question. A l'heure des débats sur la transparence, "la moindre des choses, c’est de dire la vérité. Manifestement, Anne Hidalgo ne l’a pas fait", a attaqué Jean-François Legaret, candidat à la primaire UMP.


"Ont-ils quelque chose à cacher?"

Procès d'intention? L'équipe d'Anne Hidalgo n'a pas tardé à réagir. Dans un communiqué de presse diffusé ce 11 avril, Bruno Julliard et Myriam El Khomri, tous deux adjoints au maire de Paris, ont dénoncé les "excès" et la "précipitation propres aux nouveaux convertis à la transparence".

"Nous attendons donc de M. Legaret et de Mme Kosciusko-Morizet qu'ils rendent en effet public leurs patrimoines et leurs revenus, comme l'a déjà fait un autre candidat à la consultation de l'UMP. Ont-ils quelque chose à cacher ?", accusent les porte-paroles de Anne Hidalgo.

Cet "outing patrimonial", qui jette le soupçon sur tous les élus qui tarderaient à publier leur déclaration de patrimoine, est le premier du genre depuis le grand déballage provoqué par l'affaire Cahuzac. Et il pourrait alimenter une surenchère à la transparence et aux attaques démagogiques dans un contexte politique suffisamment dégradé.

Comme l'a annoncé François Hollande ce mercredi, tous les parlementaires, présidents de conseils régionaux et généraux, maires et présidents d'administration seront bientôt tenus de rendre publiques leurs déclarations de patrimoine. Une obligation anticipée par certains élus, mais facultative tant qu'un projet de loi, programmé pour cet été, n'a pas été voté.


Déstabilisation politique

Preuve que la riposte socialiste vise bien à déstabiliser politiquement la favorite des sondages à droite, Nathalie Kosciusko-Morizet a pourtant d'ores et déjà fait savoir qu'elle était "favorable à cette démarche qui peut aider à restaurer le lien de confiance". "J'ai déjà prévu, dans le cadre du contrat d'engagement que je proposerai aux Parisiens, de publier mon patrimoine", déclarait dès mardi l'ancienne ministre et députée de l'Essonne au figaro.fr.

Dans un autre entretien au Figaro, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a dit sa crainte de voir les patrimoines des élus "jetés en pâture". "La dérive individuelle de M. Cahuzac ne doit pas déboucher sur une culpabilité collective, estime-t-il. Je mets en garde contre toute initiative qui viendrait alimenter le populisme."

"Sur la publication du patrimoine et la mise en pâture des parlementaires et élus, j'y suis clairement opposé", a lancé dans les même termes le patron des députés UMP Christian Jacob. Le député UMp Bruno Le Maire, qui fut pourtant l'un des premiers à publier sa propre déclaration, redoute que la transparence absolue crée "petit à petit une République du soupçon et une République de la jalousie entre les Français".

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AFP
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